En Algérie, le poids de la bureaucratie ne s’affaiblit pas, particulièrement au niveau des APC. Pour régler leurs affaires, c’est parfois un véritable parcours du combattant pour les citoyens.
Manque d’orientation, problèmes de réseau ou encore nonchalance du personnel dans l’exécution des tâches, la qualité des services au niveau de l’administration est souvent pointée du doigt. Autant de désagréments qui provoquent l’exaspération des citoyens au quotidien.
Dans les mairies et annexes administratives, les premières tensions surviennent souvent quelques minutes après l’ouverture des guichets.
Il est 10 heures ce jeudi de juin lorsque le représentant d’une entreprise se présente à l’un des guichets de l’APC d’une mairie à Alger. Il est venu établir l’acte de vente pour l’un des véhicules de son entreprise au profit d’une tierce personne.
Il est muni de tous les documents nécessaires pour pouvoir réaliser la transaction qui devait à priori prendre quelques minutes. Mais plus d’une heure et demie plus tard, il est encore sur place. L’opération n’est toujours pas effectuée.
L’agent de guichet rejette son dossier au motif que tous les associés de la société doivent être présents sur les lieux pour signer. Selon lui, la présence du gérant n’est pas suffisante et la venue des associés est obligatoire pour pourvoir réaliser la vente.
Deux fonctionnaires, deux réglementations
Le gérant explique alors qu’il est stipulé clairement dans les statuts de son entreprise (il a le document en mains), qu’il est le seul et unique gérant de l’entreprise, et qu’en cette qualité, il a les pleins pouvoirs et il est le seul signataire. Aussi, son associé a signé un PV pour signifier son accord pour la vente du véhicule en question.
Le fonctionnaire ne veut rien entendre : sans la présence de l’associé, impossible d’effectuer la transaction. « Une nouvelle directive est entrée en vigueur. Nous avons reçu une note dans ce sens il y a un an », soutient-il.
Le gérant de l’entreprise demande alors à consulter cette note. L’employé de l’APC botte en touche et le renvoie vers un autre guichet, celui des cartes grises, situé au Boulevard Mohamed V dans le centre-ville. Sur place, et contraint de faire une deuxième chaîne, et après de longues minutes d’attente, il expose son problème.
Le fonctionnaire consulte le dossier et ne comprend pas pourquoi l’agent de la mairie l’a rejeté. Toutes les conditions sont bien réunies pour que la vente puisse se faire.
Le rejet aurait été fondé uniquement si dans les statuts de l’entreprise, il n’était pas stipulé que le gérant est le seul signataire et qu’il a les pleins pouvoirs, ou s’il n’avait pas présenté de PV attestant de l’accord de son associé.
De retour à la mairie, il trouve un agent et comme tout étant en règle, la transaction a pu enfin se faire. En tout, il aurait fallu près de deux heures pour effectuer une démarche administrative qui ne devrait pas durer 15 minutes. Et au temps passé dans la mairie, il faut ajouter celui perdu dans les embouteillages et pour ceux qui viennent de loin, il est même inutile de compter le temps.
Comme dans cet hôtel de ville, la loi peut être différemment interprétée. Parfois, des actes de vente sont annulés pour une petite rature. Des citoyens ayant acheté des véhicules à Alger peuvent être renvoyés d’Oran ou de Constantine pour une chose insignifiante.
La bureaucratie n’est pas seulement tatillonne, elle étouffe les Algériens alors que l’internet offre aujourd’hui des possibilités de faciliter la vite aux citoyens. Des pas timides ont été effectués sur cette voie par le gouvernement, mais ce qui est accompli est une goutte d’eau dans l’océan de la bureaucratie algérienne.
C’est une scène qui illustre le poids de la bureaucratie algérienne. Incompréhension des lois, mauvais accueil, excès de zèle et entêtement, interprétation à la guise des lois et règlements, etc.
Il reste encore beaucoup à faire pour améliorer la qualité des services dans l’administration publique algérienne. Cette tendance des fonctionnaires à avoir chacun « une république dans sa tête » doit cesser.