Ferhat Mhenni a animé, dimanche 28 avril, une visioconférence à l’auditorium du campus Hesnaoua de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, sous le thème « Le combat Kabyle face à l’Algérie ». Cet événement organisé par la coordination locale des étudiants s’est déroulé dans le même calme et avec le même engouement connu à cet auditorium depuis le lancement, début mars, des débats autour du mouvement populaire et de la transition politique.

Mais si les nombreuses conférences précédentes n’ont donné lieu à aucune polémique particulière, ce n’est pas le cas de cette visioconférence de Ferhat Mhenni qui a enflammé la toile.

À Tizi Ouzou, une région qui n’est pas forcément acquise aux idées de Ferhat Mhenni, mais où la tradition de débat politique contradictoire et démocratique est fortement ancrée, l’événement n’a pas offusqué outre mesure. Les habitants, et plus particulièrement les militants, estiment que Ferhat Mhenni n’est ni un terroriste ni un criminel pour ne pas s’exprimer et exprimer ses idées. Ceci d’autant que dans les milieux militants, quand bien même le projet séparatiste de Ferhat Mhenni est rejeté, son parcours de militant pour tamazight et la démocratie est toujours respecté comme le confirme de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux.

Mais ailleurs, l’affaire n’est pas entendue de la même manière. Le personnage controversé du leader séparatiste et le thème choisi pour sa visioconférence ont suscité des réactions enflammées. Certains accusent les étudiants d’avoir donné la parole à un séparatiste qui prône l’indépendance de la Kabylie alors que d’autres pointent du doigt les risques d’un tel choix sur l’unité du mouvement populaire. Certains s’interrogent d’ailleurs pourquoi le pouvoir a autorisé une telle conférence alors que d’autres ont été interdites.

Devant la polémique qui ne cessait d’enfler encore ce lundi, le recteur de l’université, Ahmed Tessa, a fini par réagir. « Suite à la polémique des internautes, relative à la visioconférence diffusée à l’auditorium de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, et dont beaucoup sont jaloux de l’unité nationale, mais certains ne font que dans l’agitation parce qu’ils n’ont pas réalisé leur vœux de voir notre wilaya incendiée ou attristée par des dérapages », écrit-il dans une déclaration.

S’adressant ensuite aux « patriotes sincères », le recteur explique que « l’administration n’a jamais autorisé cette visioconférence ». « Même si nous restons profondément convaincus de l’importance des débats contradictoires », a t-il précisé.

Selon le recteur, les auteurs de la polémique ont souhaité l’empêchement de la conférence « par la force physique et l’affrontement entre les étudiants et les agents de sécurité pour faire replonger la Kabylie en particulier et l’Algérie en général dans le feu et le sang ».

« La communauté universitaire dont je fais partie est consciente et responsable de sa situation. Nous sommes tous à l’avant-garde des principes républicains et de l’unité nationale », a t-il conclu.