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Universités américaines : Gaza, symbole de l’injustice mondiale

Quelque chose est en train de profondément changer aux États-Unis et s’exprime à travers le mouvement sans précèdent de solidarité avec Gaza lancé dans les universités américaines.

Le mouvement a commencé la semaine passée à l’université de Columbia, à New-York, pour faire tache d’huile à travers les établissements les plus prestigieux des États-Unis avant d’atteindre les campus européens.

Comme toutes les voix qui se sont élevées en Europe pour dénoncer le « génocide » que commet Israël dans la bande de Gaza, le mouvement est sans surprise accusé d’antisémitisme.

L’opinion publique américaine et occidentale s’est peu à peu retournée contre Israël à cause de la barbarie de ses bombardements sur les civils palestiniens dont plus de 34 000, dont une majorité de femmes et d’enfants, ont été tués depuis le 7 octobre dernier dans le petit territoire enclavé et encerclé de Gaza. Un retournement qui fera date dans l’histoire du conflit du Moyen-Orient et du rapport de l’Occident vis-à-vis d’Israël.

Les premiers signaux ont été envoyés par les marches imposantes organisées dès les premiers mois de la guerre dans les capitales des principaux pays soutiens d’Israël, comme à Washington ou Londres.

En novembre dernier, un sondage de l’institut Gallup a fait ressortir qu’une majorité de femmes et de jeunes américains soutiennent la Palestine plutôt qu’Israël.

Des signaux qui ne semblent pas avoir été suffisamment pris au sérieux puisque l’administration du président Joe Biden a continué, hormis quelques remontrances sans grande incidence, à apporter un soutien sans faille au gouvernement extrémiste de Tel-Aviv.

Washington a bloqué plusieurs résolutions du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu à Gaza et, plus récemment, celle sur l’adhésion de l’État de Palestine à l’ONU.

Le soutien occidental à Israël s’est émoussé d’abord dans les opinions publiques, puis au niveau politique.

Aujourd’hui, plusieurs gouvernements occidentaux affichent leur intention de reconnaître l’État palestinien et le droit de véto pour bloquer les résolutions pro-palestiniennes n’est plus utilisé que par les États-Unis.

Ces derniers se sont retrouvés isolés sur la scène internationale dans leur soutien inconditionnel à Israël. Désormais, c’est en interne, par rapport à son opinion publique, que la classe politique américaine est isolée.

L’ampleur du mouvement estudiantin est sans précédent en Amérique, du moins en ce qui concerne le soutien à la cause palestinienne.

Dans les universités américaines, c’est l’injustice qui frappe les Palestiniens qui est rejetée

À la différence du mouvement populaire anti-guerre du Vietnam dans les années 1960 et 1970, qui avait pour origine la colère des familles des soldats mobilisés, les actions qui ont pour théâtre depuis une dizaine de jours les campus américains sont d’abord l’expression du rejet de la grande injustice que subit le peuple palestinien depuis trois quarts de siècle, et du silence complice de l’Occident.

À l’heure des réseaux sociaux, les chiffres macabres et les images insoutenables qui parviennent de Gaza depuis plus de six mois ne pouvaient pas laisser insensible une jeunesse au logiciel tellement différent.

Le mouvement a commencé le 18 avril par l’occupation du campus de l’université de Columbia par des centaines d’étudiants de toutes les origines et toutes les confessions.

Les protestataires réclamaient de la direction de l’établissement de couper tout lien avec Israël. Il a très vite atteint les plus prestigieuses universités du pays, qui comptent aussi parmi les plus renommées au monde, Harvard, Yale, Massachusetts, Princeton, Lis Angeles, Boston, Austin…Ces mêmes universités qui forment les décideurs de demain dans tous les domaines.

Surprises et débordées, les autorités américaines ont eu recours à ce qu’elles ont l’habitude de dénoncer partout dans le monde, particulièrement dans le tiers-monde : la répression.

Les images de l’évacuation de certains campus, d’étudiants et d’enseignants menottés, ont fait le tour de la planète. Des centaines d’arrestations ont été effectuées.

Une répression qui a fait réagir le Haut-commissaire des Nations-Unies aux droits de l’Homme, Jérémy Lawrence, qui s’est dit samedi « très préoccupé par l’arrestation de centaines d’étudiants dans des universités américaines et par la répression policière des manifestations pro-Palestine ».

« Toute personne a le droit de manifester pacifiquement et ceci ne devrait pas être empêché », a-t-il rappelé. Ce n’est pas toutes les semaines que les États-Unis se font ainsi clouer au pilori sur pareille question, eux qui ont l’habitude de donner des leçons aux autres pays sur le respect des libertés et le droit de manifester pacifiquement.

Loin de s’essouffler, le mouvement a au contraire contaminé le Canada voisin et traversé l’Atlantique pour atteindre l’Europe et même le lointain Japon.

En France, c’est la prestigieuse Sciences-Po, l’école des sciences politiques de Paris, qui fait parler par un mouvement d’envergure de soutien à la Palestine.

Les lobbies pro-israéliens, comme ils le font depuis le début de la guerre, ont crié à l’ « antisémitisme » des étudiants protestataires. « Dans le sillage de la rhétorique de Jean-Luc Mélenchon, l’antisionisme qu’expriment les étudiants de Sciences-Po n’est que le cache-sexe de l’antisémitisme », écrit le journal de droite Le Figaro.

La réponse lui est venue d’un enseignant français à Columbia, Jean-Marie Guéhenno, bien placé pour comprendre le sens de ce qui se passe à l’université américaine. « Je suis persuadé que l’écrasante majorité des étudiants n’est pas antisémite. Dans notre monde d’argent, il y a une demande croissante de justice, et la Palestine devient le symbole de l’injustice », a écrit le professeur sur son profil X.

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