Le groupe PSA (Peugeot) attend le feu vert du gouvernement algérien pour lancer son usine de montage en Algérie. Le projet devait être validé lors de la visite en avril 2016 de Manuel Valls, alors Premier ministre français. Mais la signature a été reportée à une date ultérieure.
Il y a un an, les autorités algériennes voulaient notamment des garanties sur la rentabilité du projet. Le concessionnaire Peugeot Algérie n’est pas un bon élève en matière de rentabilité et affiche souvent des bénéfices très faibles, voire des déficits.
Agenda politique
Depuis, les choses ont évolué. Le constructeur français répète qu’il a répondu favorablement à toutes les conditions imposées par l’Algérie. En face, le gouvernement ne semble pas vraiment satisfait du dossier. Jeudi, le premier ministre Abdelmalek Sellal a promis que le projet d’usine de montage Peugeot sera conclu « au cours de cette année », en laissant entendre que les discussions entre les deux parties ne sont pas encore achevées.
Mais PSA n’est pas du même avis. Le même jour, Jean-Christophe Quémard, directeur de la zone Afrique-Moyen-Orient du groupe PSA, évoque pour la première fois un problème politique. « Aujourd’hui, on en est à la finalisation (…), à la synchronisation du calendrier politique algérien avec un calendrier industriel qui est prêt », a-t-il déclaré, visiblement excédé par le retard pris dans le lancement de son usine, indispensable pour l’avenir de PSA en Algérie.
Surcapacités dans l’automobile
En réalité, à travers le cas Peugeot, c’est toute la stratégie du gouvernement en matière de montage automobile qui est en train d’être corrigée. D’ailleurs, Peugeot n’est pas seul concerné par le gel. L’examen de quatre projets de montage automobile (Nissan, Saipa, Suzuki et Kia) a été ajourné il y a quinze jours par le gouvernement. Un ajournement qui pourrait se transformer en gel.
« On ne fait que déplacer le problème des importations de véhicules. Au lieu de les comptabiliser comme produits finis, ils sont considérés comme produits intermédiaires », a prévenu Mustapha Mekideche, économiste et vice-président du Conseil économique et social. Le gouvernement s’est aperçu que sa politique dans l’automobile est intenable à terme.
Avec la multiplication des projets dans le montage automobile, le gouvernement craint désormais de se retrouver en surcapacités de production de véhicules, tout en offrant la possibilité aux constructeurs de contourner légalement les restrictions à l’importation. Il a donc décidé de revoir sa copie, avec de nouvelles exigences, comme par exemple celle d’imposer aux constructeurs d’exporter une partie de leurs véhicules assemblés en Algérie.
Présidentielles françaises
Outre les considérations internes, le retard enregistré dans la validation du projet Peugeot est aussi lié aux élections présidentielles qui ont lieu en France. Alger veut sans doute utiliser le dossier Peugeot comme carte pour négocier avec le futur pouvoir en France et ne peut donc valider un dossier stratégique, sans aucune contrepartie.
D’ailleurs depuis maintenant un an, le pouvoir algérien est dans « l’après-François Hollande ». Aucun projet français d’envergure n’a vu le jour. Même le Premier ministre et les ministres français en visite en Algérie ne sont plus reçus par Bouteflika…
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