Le match de coupe de la confédération africaine de football devant opposer, dimanche 21 avril, l’USM Alger aux Marocains du RS Berkane ne s’est pas joué par la faute d’un mélange dangereux entre sport et politique.
Avant même de connaître ce que décidera la CAF, les Marocains jubilent, certains que l’instance africaine où sévit un certain Fouzi Lekjaa donnera gain de cause à RS Berkane.
La CAF a, en effet, donné un avant-goût de ce que sera son jugement dès samedi soir en faisant savoir qu’elle a validé avant le début de la compétition le maillot controversé de l’équipe de Berkane.
Quelle que sera l’issue de ce bras de fer, même dans le cas de l’élimination de l’USMA, l’Algérie a déjà gagné, et ce, pour plusieurs raisons.
D’abord en mettant à nu, pour la énième fois, les pratiques malsaines du Maroc qui empoisonnent désormais le sport africain par sa manie à mettre à profit toutes les compétitions, y compris celles des jeunes catégories, pour imposer le fait accompli de sa colonisation du Sahara occidental.
Dans cette affaire de maillot, la provocation saute aux yeux et n’a échappé à personne. Connaissant la position ferme et de principe de l’Algérie sur la question du Sahara occidental, la délégation marocaine ne pouvait pas ignorer qu’un maillot avec la carte du Maroc incluant les territoires sahraouis occupés ne passera pas l’aéroport d’Alger.
Il s’agit bien d’un acte de provocation mûrement réfléchi dans des cercles qui dépassent les dirigeants de RS Berkane. C’est le Makhzen qui était à la manœuvre.
L’intransigeance de l’Algérie a aussi permis de mettre à nu l’influence marocaine au sein de la CAF par le biais de Fouzi Lekjaa, ancien président de Berkane justement pendant dix ans.
En informant la Fédération algérienne de football (FAF) qu’elle a précédemment validé le maillot en question, l’instance africaine a avoué un énorme manquement à ses propres règlements et à ceux de la fédération internationale (FIFA) qui interdisent formellement tout message politique ou religieux sur les maillots des joueurs.
Or, une carte d’un pays, incluant un territoire reconnu par les Nations unies et le droit international comme étant « non-autonome » et en instance de décolonisation, ne peut pas être autre chose qu’un message politique qui n’a pas sa place dans le sport.
Si les règlements des instances internationales interdisent ce genre d’actes, c’est pour justement éviter d’arriver à des situations conflictuelles comme celle qui a causé l’annulation d’un match de demi-finale d’une compétition africaine, avec ce que tout cela implique comme pertes financières et sur le plan de l’image.
Affaire de RS Berkane en Algérie : le Maroc a déjà perdu
La preuve que la CAF a failli sous l’influence des Marocains, c’est le Maroc lui-même qui la fournit par son attitude dans d’autres compétitions autrement plus importantes.
Beaucoup ne comprennent pas que ce pays ait pu laisser passer la visibilité qu’offre la coupe du monde pour vendre la « marocanité » supposée du Sahara occidental.
Lors de la dernière édition au Qatar, l’équipe du Maroc est allée jusqu’en demi-finale sans jamais porter sur le maillot la carte controversée. Ce n’est pas faute d’avoir tenté et la réponse est évidemment dans le fait qu’à la FIFA, Fouzi Lekjaa n’a pas l’influence qu’il a à la CAF.
Sur le plan politique, l’Algérie a marqué un énorme point en envoyant un message de fermeté qui ne manquera pas de saper les espoirs des Marocains quant à un possible fléchissement d’Alger sur la question du Sahara occidental.
Quitte à perdre une compétition internationale importante et subir éventuellement des sanctions de la CAF, les autorités algériennes n’ont pas cédé. Les Marocains n’ont pu récupérer leurs tenues controversées qu’en quittant le territoire algérien. Symboliquement et politiquement, c’est un geste très fort.
Un autre message, encore plus démoralisant, est envoyé au Maroc, cette fois par le public sportif algérien. Malgré l’enjeu, aucun supporter de l’USMA n’a contesté dans les tribunes du stade ou sur les réseaux sociaux la décision des autorités algériennes. Mieux, tous les clubs algériens, malgré leur rivalité, ont affiché une rare unanimité en exprimant leur soutien à l’équipe algéroise et à la fermeté des autorités.
Tout cela signifie que le soutien de l’Algérie au peuple sahraoui n’est pas le seul fait du pouvoir politique comme tentent de le faire croire le palais royal, ses officines et ses relais. À l’issue de ce bras de fer, le RS Berkane gagnera peut-être, mais le Maroc aura perdu, c’est certain.
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