L’Algérie devait être l’un des premiers pays au monde à acquérir le vaccin anti-Covid dès son élaboration. Toutes les déclarations des hauts responsables allaient dans ce sens lorsque des groupes pharmaceutiques s’étaient mis à annoncer la mise au point d’antidotes contre le coronavirus.
Promesse non tenue ? On pourrait le penser ne serait-ce que parce que des pays ont non seulement acquis le vaccin, mais entamé la vaccination de leur population.
L’Algérie, elle, n’a pas encore tranché entre les différents vaccins officiellement mis sur le marché. C’est ce que laissent déduire les dernières déclarations en date par rapport à la question.
Mardi 15 décembre, le Premier ministre Abdelaziz Djerad était en visite à M’sila d’où il a annoncé que l’Etat algérien ne prendra pas de décision sans « garanties » quant à l’efficacité des vaccins proposés.
L’été dernier, et alors que la Russie avait annoncé l’élaboration d’un premier vaccin, Sputnik V, les propos du même Djerad étaient pourtant sans équivoque. « L’Algérie sera parmi les premiers pays à acquérir le vaccin anti Covid-19 », déclarait le Premier ministre le 2 août, assurant que « tous ceux qui en ont besoin seront vaccinés ».
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Comme première mesure concrète, le ministre de la Santé Abderrahmane Benbouzid annonce dès le 4 août que des contacts ont été établis avec les pays promoteurs de vaccins, ajoutant que l’Algérie ne sera pas regardante sur le coût du vaccin, qu’elle acquerra « quel qu’en soit le prix ».
La même promesse est réitérée en novembre. « Dès sa commercialisation, l’Algérie acquerra le vaccin pour protéger ses citoyens, quel que soit son prix », déclare Benbouzid le 4 novembre, révélant que notre pays a « intégré le groupe de l’OMS qui s’emploie à acquérir 500 millions de vaccins à prix réduit » et qui « est parvenue à réduire le prix de 40 dollars à 2 dollars seulement ».
Pendant le même mois, un autre laboratoire mondial annonce l’élaboration d’un vaccin efficace à 95 %. Il s’agit de l’Américain Pfizer, suivi de Moderna.
Le souci n’est plus d’être les premiers servis
Juste après, le discours change et le souci n’est plus d’être parmi les premiers servis, mais de faire « le meilleur choix ». « L’acquisition du vaccin anti-Coronavirus prendra le temps qu’il faudra et ce, au même titre que les autres pays. Il y a des pays qui avancent des dates avant d’en donner d’autres. Nous sommes dans une démarche très prudentielle face à la multitude des vaccins annoncés », tempère le ministre de la Santé, le 25 novembre.
Début décembre, le professeur Kamel Senhadji, directeur de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire, annonce pourtant que la vaccination en Algérie pourrait commencer dès janvier, laissant penser que tout a été fait quant au choix du vaccin et à la passation des commandes.
Coup de théâtre, il revient sur ses propos tenus sur Radio Sétif dès le lendemain, affirmant à TSA que le début de la vaccination ne pourra pas se faire avant six mois, expliquant que ceux qui ont choisi des vaccins avant leur validation ont « parié au casino », citant le Maroc comme exemple.
Pourquoi ce revirement ? Beaucoup se demandent si une décision a été prise avant d’être annulée ou si le professeur s’est exprimé seulement à base de sa propre analyse.
Quoi qu’il en soit, la tendance à la temporisation sera confirmée par le ministre de la Santé qui assure, le 8 décembre, que l’Algérie prendra « une décision basée sur la garantie de l’efficacité, la garantie de l’OMS et la garantie que le vaccin choisi soit utilisé dans le pays d’où il provient ».
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Et c’est ce qu’a réitéré le Premier ministre ce 15 décembre. « Lorsque nous prendrons la décision, nous devrons avoir des garanties certaines à 100 % par respect à notre peuple et nos citoyens, et sur la base du travail scientifique que nous avons entrepris depuis le début de la pandémie (…) Nous devons avoir confiance en nos scientifiques et médecins et en le travail que nous avons accompli depuis le début de la crise sanitaire, un travail méthodique obéissant à une approche rationnelle et scientifique », déclare Abdelaziz Djerad.
Dans la foulée, il assure toutefois que les contacts et les négociations sont « en phase finale » et que le nom du vaccin qui sera choisi sera annoncé « en temps opportun ».
Pendant ce temps, de nombreux pays comme l’Arabie saoudite, le Canada, Bahreïn, l’Egypte, ont annoncé leur choix de vaccin, d’autres ont entamé la vaccination. Et il ne s’agit pas que de pays développés et lourdement touchés par la pandémie. La Tunisie, voisin immédiat de l’Algérie, vient d’annoncer avoir opté pour le vaccin de Pfizer et commandé deux millions de doses.