Le Covid-19 a mis à genou toute la planète. Avec plus de 70 000 morts, plus de 1,2 million de contaminations et la moitié de la planète confinée, les scientifiques n’ont plus de temps à perdre.
Une course contre la montre est engagée pour mettre au point un vaccin ou un traitement, ou à défaut, trouver des molécules efficaces parmi les médicaments mis au point pour le traitement d’autres maladies.
C’est le cas par exemple de la chloroquine, un antipaludique proposé par l’infectiologue français Didier Raoult comme traitement au coronavirus. Après une vive polémique, l’hydoxychloroquine, un dérivé de la chloroquine, est progressivement adoptée comme traitement par de nombreux pays, malgré les insuffisances reprochées aux études du Pr Raoult.
Aux États-Unis, le Pr Vladimir Zelenco a lui aussi mis au point un traitement inspiré de l’idée du Pr Raoult. Il combine hydroxychloroquine, azithromycine et zinc. Il l’aurait administré à 700 patients avec un résultat de zéro mort. Là aussi, il y a polémique et on lui reproche des éléments de preuve fragiles. Le médecin lui-même reconnait qu’il « était trop tôt pour évaluer son efficacité à long terme » et que « la combinaison d’hydroxychloroquine et d’azithromycine peut causer de graves problèmes aux personnes souffrant de certaines maladies cardiaques ».
La chloroquine n’a pas encore fait ses preuves
En Europe, la chroloquine fait l’objet d’un test clinique impliquant plusieurs pays. D’autres médicaments sont également testés. Mais pour l’heure, il n’y a aucun résultat. « J’ai des éléments qui me reviennent des hôpitaux qui ne montrent pas, à ce stade, un effet statistiquement significatif de l’une ou l’autre des molécules », a affirmé ce mardi le ministre de la Santé sur RMC.
En l’absence « d’étude consolidée, définie, randomisée, nous réfléchissons à encore amplifier le cadre de ces expérimentations pour les rendre encore plus simples, plus rapides et les destiner davantage à la médecine de ville, a-t-il ajouté. Nous sommes le pays qui a inclu le plus de malades dans les protocoles ».
Nouvel espoir dans la lutte contre l’épidémie de Covid-19, le plasma des personnes guéries. Un essai clinique, a débuté cette semaine en France. Il tentera de prouver – ou non – les effets bénéfiques de l’apport de plasma de patients guéris du coronavirus chez des malades luttant actuellement contre la maladie, rapporte LCI ce mardi.
Pour sa part, la biotech française Biophytisespère estime pouvoir débuter rapidement un essai clinique sur sa molécule sarconeos (BIO101) comme traitement potentiel de l’insuffisance respiratoire associée au nouveau coronavirus.
Sarconeos est un médicament expérimental issu de plantes médicinales appelées phytoecdystéroïdes, utilisées comme agents tonifiants dans différentes pharmacopées. Les essais cliniques de phase 2/3 devraient démarrer dans les prochaines semaines en France, puis elles devraient s’étendre en Belgique et aux États-Unis, a-t-elle annoncé ce mardi.
Vaccin : une cinquantaine de projets
Côté vaccin, la course est aussi effrénée. Plus d’une cinquantaine de projets de recherche ont été mis en place à travers le monde. Il s’agit d’un record, alors que la compétition ne cesse de s’intensifier entre les instituts de recherche.
Au Japon, la société pharmaceutique Anges en partenariat avec l’université d’Osaka a élaboré un vaccin à ADN, produit à l’aide d’un virus inactivé et rapide à mettre au point. En Chine, un premier vaccin a été testé le 20 mars sur 108 volontaires âgés de 18 à 60 ans. Trois jours plutôt, un test était effectué à Seattle, aux Etats-Unis, sur 45 non porteurs du virus, afin de déceler d’éventuels effets secondaires.
En Allemagne, depuis le début de l’année, l’entreprise CureVac s’attèle à mettre au point un vaccin avec l’université de Queensland. Soit le même vaccin que Donald Trump aurait tenté d’acquérir, provoquant un incident diplomatique entre l’Allemagne et les États-Unis.
En France, l’Institut Pasteur multiplie les travaux pour trouver un vaccin et un traitement. « Les premiers résultats d’efficacité d’un vaccin contre le coronavirus pour fin mai », a annoncé Christophe d’Enfert, directeur scientifique de l’Institut ce mardi au Point. « Nous attendons les premiers résultats d’efficacité chez l’animal pour fin mai. À partir de là, nous pourrons développer un premier lot clinique et lancer les phases tests à l’automne. Traditionnellement, il faut compter un an avant la mise sur le marché… si tout va bien », a-t-il détaillé.
En Australie, on veut tester l’efficacité du vaccin BCG, destiné initialement à la tuberculose. L’Agence fédérale russe médico-biologique a pour sa part annoncé l’élaboration de trois types de vaccin.
Une autre technique est testée au États-Unis : la transfusion de plasma. Des chercheurs envisagent d’utiliser le plasma sanguin de convalescents du COVID-19 pour transfuser d’autres patients afin de leur procurer par anticipation des anticorps spécifiques au virus qui permettront une mobilisation plus rapide et plus efficace du système immunitaire en cas d’infection. Technique déjà utilisée avec une efficacité plus ou moins mitigée comme lors de l’épidémie d’Ebola. Si les plus optimistes annoncent le premier vaccin à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine au plus tôt, certaines compagnies semblent impatientes.
La méga compagnie pharmaceutique américaine Johnson & Johnson a annoncé avoir sélectionné un candidat-vaccin, et aurait lancé une production de masse, avant même la fin des tests animaux. Il est, lui aussi, basé sur une nouvelle technologie (de vaccin à ADN) pas encore éprouvée. Tout comme d’autres approches de vaccins high-tech, qui, si elles aboutissent, ne seront pas à la portée de tous : la compagnie Moderna, qui teste un autre vaccin, annonce 500 dollars pour deux injections. Le potentiel du marché est énorme.