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Vaccination anti-Covid : les Algériens « ne sont pas suffisamment informés »

Vaccination anti-Covid : les Algériens « ne sont pas suffisamment informés »

Le chef de service pneumologie de l’EHU Oran, le Pr Salah Lellou, aborde dans cet entretien la situation épidémiologique liée au Covid-19 en Algérie, évoque la campagne de vaccination qui doit débuter dans quelques jours. Il déplore un déficit de communication sur le vaccin anti-Covid.    

Comment évaluez-vous la situation épidémique liée au Covid-19 en Algérie ?

Elle est plutôt rassurante, actuellement on voit que les chiffres des contaminations au Covid-19 sont dans une tendance baissière, ce qui est une bonne chose. Toutes les précautions qui ont été prises ont fini par payer. Seulement, il ne faut pas baisser les bras, parce que nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Il faudra encore travailler dur pour faire face à la situation et maintenir les mesures sanitaires édictées. Mais ce qui me fait peur c’est qu’on ait affaire à une autre vague. Non pas que parce que les gens ne respectent pas les gestes barrières, mais avec les nouveaux mutants et les variants du virus, je pense qu’il faut redoubler de vigilance. Même si on commence la vaccination ce mois de janvier, il faudra attendre qu’il y ait une immunité collective avec beaucoup de gens vaccinés, pour que la propagation du virus s’arrête ou à tout le moins ralentisse. Personnellement, j’ai beaucoup d’espoir que d’ici fin mars 2021, la pandémie s’arrête et qu’on aborde plus sereinement l’été.

Après une période d’attente, la situation s’est débloquée brusquement en ce qui concerne le choix du vaccin anti-Covid avec l’annonce par l’Algérie d’une première commande du vaccin russe Spoutnik V…  

Effectivement, nous-mêmes en tant que professionnels de la santé, on a quelque peu été pris de court, parce qu’on ne s’attendait pas à ce que la vaccination débute aussi rapidement.   

Outre le Spoutnik V, l’Algérie pourrait-elle envisager d’acquérir le vaccin d’AstraZeneca ?

Effectivement, il parait que c’est un vaccin qui promet. D’abord, c’est un vaccin classique, qui n’est pas aussi cher que celui à ARN Messager (de Pfizer-BioNtech et de Moderna). C’est un vaccin dont on connaît les effets secondaires et qui sont apparemment minimes.   

L’Algérie est-elle prête pour lancer la campagne de vaccination dès ce mois de janvier ?

Tout est prêt chez nous et on a l’habitude de ce genre de vaccins (virus inactivés ou atténués, ndlr) qu’on peut facilement transporter et conserver. Le dispositif déjà mis en place pour le tétravalent (vaccin antigrippal) ne demande pas d’autre technicité.

Quelles sont les personnes à vacciner en priorité ?

Comme ça se passe ailleurs, les sujets âgés avec comorbidités passent en priorité. Ensuite, vous avez les soignants et les agents de la protection civile qui travaillent avec les services de la santé et les forces de sécurité tous corps confondus. Il y a néanmoins certaines questions qui se posent : notamment si les personnes déjà infectées par le Covid doivent-elles être vaccinées, si elles n’ont déjà pas produit d’anticorps, le fait de les vacciner ne pose-t-il pas problème ? Du moment qu’on n’a pas de réponses à ces questions, je pense qu’il faut vacciner toutes les personnes qui le souhaitent, une fois que les personnes qui sont en immunodépression sont vaccinées.

Pour autant, faut-il tout miser sur le vaccin ?

Le vaccin, c’est sûr, aura sa partie (dans le recul voire la disparition de la pandémie) mais je reste persuadé que ce ne sera pas uniquement par son fait seul. Il y a notre comportement et aussi l’évolution naturelle de la pandémie. A travers l’histoire, une pandémie ne dure pas plus d’un an ou un an et demi. Même la grande pandémie à l’origine de dizaines de millions de morts en 1918, elle avait duré un an et quelques mois. Elle avait disparu après trois vagues. Faut-il rappeler qu’à l’époque il n’y avait pas de vaccin, encore moins un traitement. Aujourd’hui avec les moyens que nous avons, peut-être qu’on va venir à bout de la pandémie de Covid grâce aux mesures barrières, et le vaccin certainement qui va y contribuer.

Ne pensez-vous pas que la communication est le talon d’Achille dans cette opération de vaccination ?

Je pense effectivement qu’il y a un déficit de communication, la population n’est pas suffisamment informée, et même le corps de la santé. Il est important que la population adhère. Les anti-vaccins peuvent influencer la population.

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