TRIBUNE. L’objectif fixé par les pouvoirs publics de vacciner, en 2021, 70 % de la population n’a pas été atteint et même largement. Le pays compte 6,7 millions de primo-vaccinés, soit environ 15 % de la population, et 5 760 000 personnes complètement vaccinées ayant eu les deux doses, soit environ 13 % de la population.
Près de 12,46 millions soit près de 28 % de la population a reçu au moins une dose, un résultat loin des 20 à 25 millions entièrement vaccinés nécessaires à l’immunité collective visée pour la fin de l’année 2021.
Les causes de ce constat sont nombreuses et diverses, les responsabilités partagées tant par les pouvoirs publics que par la population même si les premiers, par principe, endossent la plus grande part. Au-delà du constat, il faudra en tirer les leçons afin de rattraper le retard et dépasser la situation actuelle.
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Réussir la campagne de vaccination contre le covid 19 nécessitait de réunir quelques conditions basiques : avoir un vaccin, une stratégie de vaccination, la logistique et l’adhésion de la population.
La logistique, eu égard à l’expérience cumulée des personnels soignants et aux infrastructures existantes, ne peut être mise en cause dans les faiblesses du constat.
La stratégie de la vaccination est actuellement dépassée voire obsolète devant la disponibilité des vaccins et la possibilité de vacciner tous les citoyens.
La campagne de vaccination bien que symboliquement ayant débuté le 29 janvier 2021 sous l’injonction du président de la République, n’a réellement démarrée qu’au début du 2e semestre 2021, du fait de la non-disponibilité des vaccins au cours du 1ér semestre 2021. Il était attendu qu’il serait impossible de vacciner 70 % de la population en un semestre.
Méfiance de la population et défiance des professionnels, notamment de la santé
Bien que les vaccins sont disponibles dès le mois de juillet 2021 et à profusion depuis septembre/octobre 2021, la vaccination peine à atteindre une vitesse de croisière, elle bute sur de nombreuses réticences, la méfiance de la population et de la défiance des professionnels, notamment de la santé.
La méfiance de la population, du citoyen lambda, compréhensible au début du fait de sa suspicion sur l’efficacité de vaccins mis au points dans des délais hyper-courts, la surmédiatisation des rares effets secondaires, est entretenue et aggravée par la suite par les fake news sur les réseaux sociaux, les contradictions des experts sur les plateaux des télévisions françaises et les réticences voire la défiance de certains membres du corps soignant.
Les campagnes d’information et de sensibilisation de la population sont sur le plan qualitatif et quantitatif, très insuffisantes. Le Big day du 11 septembre 2021, qui devait se poursuivre jusqu’à la fin de l’année, n’a pas enclenché la dynamique escomptée.
Le pic des vaccinations, près de 300 000 /j, est dû plus à la 3e vague, particulièrement grave et meurtrière, qu’à la sensibilisation. Malgré les insuffisances de la sensibilisation, il serait toutefois faux d’affirmer que le message que la vaccination est la solution, si ce n’est pour éradiquer la pandémie, du moins pour en atténuer les formes graves et mortelles, ne soit pas parvenu à l’ensemble de la population.
Dans ces conditions qui plus est devant la recrudescence des contaminations, si convaincre est nécessaire et doit rester le moyen pédagogique idoine pour emporter l’adhésion du citoyen à la vaccination, il devient insuffisant et doit dorénavant être accompagné de mesures de contraintes pour la population générale voire d’une obligation à la vaccination tout particulièrement du corps médical et des fonctionnaires en général.
Contraindre les citoyens et rendre obligatoire la vaccination de certaines corporations
Le variant Delta, très virulent, circule toujours, malgré l’apparition du variant Omicron. Il est responsable des formes graves de covid-19. La grande majorité des malades covid admis en soins intensifs et en réanimation ainsi que les décès sont des citoyens non vaccinés.
Les citoyens non vaccinés sont un danger pour eux même, pour les personnes qu’ils contaminent.
Ils saturent les services de réanimation et de soins intensifs, Ils perturbent le fonctionnement des hôpitaux aux dépens d’autres malades. Il devenait urgent de dépasser les discours bienveillants et pédagogiques sur la sensibilisation et l’information et d’instaurer des mesures de contraintes pour la population générale voire d’obligation à la vaccination pour certaines catégories professionnelles.
L’instauration très récente, 25 décembre 2021, bien que tardive, du pass vaccinal est le moyen qui, sans obliger à la vaccination, permettra de contraindre les citoyens à se faire vacciner.
Le pass vaccinal a fait ses preuves dans les pays qui l’ont adopté et leur a permis d’atteindre des niveaux de vaccination importants. Déjà exigé aux frontières pour les voyageurs à l’étranger, il devra être généralisé par étapes pour l’accès aux lieux publics et de grande concentration de population.
Si les réticences du citoyen lambda sont quelque peu compréhensibles, elles le sont beaucoup moins voire inacceptables de la part des personnels de santé. Moins d’un tiers d’entre eux sont vaccinés, dixit le ministre de la santé le 13 décembre 2021. Les fonctionnaires en général et les enseignants en particuliers seraient également faiblement vaccinés.
Pour ces corporations, et tout particulièrement les personnels de santé, des mesures de contraintes plus drastiques voire une obligation à la vaccination devaient être prises.
Si les contraintes sont légitimes, eu égard à la disponibilité, l’innocuité et l’efficacité des vaccins, les dangers que font courir les non-vaccinés sur les autres citoyens et notre système de santé, tout le problème résidera dans leur applicabilité.
La généralisation du pass sanitaire voire l’obligation à la vaccination nécessite une volonté, voire une détermination farouche des pouvoirs publics, des moyens matériels et humains.
Il ne sert à rien d’édicter des mesures de contrainte si on ne se donne pas les moyens du contrôle et le cas échéant de la répression aux infractions, si la volonté et la détermination s’étiolent dès les premières oppositions.
Le manque de fermeté des pouvoirs publics dans l’échec de faire respecter ne serait-ce que l’obligation du port du masque est là pour nous rappeler que les choses ne seront pas simples ni faciles.
S’il est aisé de prendre une décision, il l’est moins de la faire appliquer et encore moins d’y réussir. L’année 2022 devrait néanmoins nous permettre de rattraper les ratages de 2021.
*Président du Conseil Régional de l’Ordre des Médecins de Blida.
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