Société

Vaccination Covid-19 : le Dr Merabet lance un appel aux hautes autorités

Le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) ne croit pas à l’hypothèse de l’immunité collective concernant la pandémie de la Covid-19 en Algérie. Le rythme lent de la vaccination contre la Covid est un autre sujet qui préoccupe le praticien.

Comment analysez-vous la situation épidémique liée au Covid-19 en Algérie ?

Il est clair que la situation épidémique dans notre pays s’est améliorée, depuis plusieurs semaines. Nous sommes sous la barre des 100 cas quotidiens depuis plusieurs jours, c’est une bonne chose.

Mais cela ne veut pas dire que nous avons réglé notre problème définitivement. Au contraire, il faudrait se rappeler qu’il y a de nouvelles souches apparues chez nous, deux variants (l’un dit britannique et le second dit nigérian), qui ont été dépistés officiellement.

On a déjà une dizaine de cas répartis dans plusieurs wilayas du pays. Et ça sous-entend que nous ne sommes pas à l’abri d’une flambée ou d’une ascension rapide de la courbe de l’épidémie, du fait de la détection de ces nouveaux variants, comme c’est le cas dans d’autres pays, en Europe notamment.

Le relâchement, constaté malheureusement à tous les niveaux et dans toutes les régions du pays, dont le non-respect des mesures barrières pourtant décidées pour les différents acteurs et activités, risque de concourir à ce que cette situation stable remonte crescendo et nous place dans une situation sanitaire de crise.

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« On n’est pas à l’abri d’une 3e vague »

Est-ce à dire qu’un rebond épidémique n’est pas à écarter ?

Cela pour dire qu’on n’est pas à l’abri d’une 3e vague, comme c’est le cas actuellement dans certains pays. D’autant plus qu’on approche du mois de Ramadan, et nous savons tous que durant ce mois les Algériens seront nombreux dans la rue et dans les marchés à faire les courses et à se regrouper dans les magasins, et les mosquées pour les prières des tarawih.

Il y a beaucoup de situations susceptibles de favoriser plus de contacts et ainsi plus de contaminations entre individus, si les mesures de protection ne sont pas respectées.

Deux mois après son lancement, la campagne de vaccination contre la Covid dans notre pays est presque au point mort. Quel est votre constat ?

Cette campagne de vaccination peine à s’installer dans l’espace sanitaire et aussi public. Il faut le dire : exactement deux mois depuis que nous avons lancé officiellement notre campagne de vaccination, des difficultés subsistent par rapport à la disponibilité des vaccins essentiellement et leur distribution.

Et surtout par rapport à ce rythme de vaccination que nous voudrions un peu plus soutenu, voire accéléré. Et espérer atteindre les objectifs rattachés à cette campagne vaccinale, à savoir de vacciner 60 à 70 % de la population soit 20 millions d’Algériens.

Nous sommes très en retard par rapport aux objectifs fixés. Et à ce rythme, je pense que ça sera difficile de réaliser cet objectif durant cette année et même l’année prochaine.

Je pense qu’il faut plus d’efforts pour apporter des solutions. L’appel est lancé aux plus hautes autorités du pays afin de trouver des solutions qui sont dans la diplomatie, les contacts et les négociations.

Je pense qu’on a intérêt à accélérer la cadence afin d’acquérir le maximum de quantités de vaccins afin de booster cette campagne vaccinale.

Parce qu’on est en train de désensibiliser la population par rapport à l’acte vaccinal, alors que dans tous les pays la difficulté était de faire adhérer la population et les professionnels de la santé.

J’espère que l’on puisse dispenser le vaccin rapidement dans les structures de santé, et pourquoi pas dans d’autres espaces comme les vaccinodromes, comme les salles de sports et de spectacles aménagées dotées de matériels et de moyens humains. Dans le but de vacciner le plus de monde et dans des délais acceptables.

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Certains responsables dont le ministre de la Santé ont évoqué l’éventualité qu’on ait atteint l’immunité collectiveQuel est votre avis ?

Personnellement je ne suis pas adepte de cette conception des choses dans la gestion de l’épidémie : affirmer une telle chose, c’est justement s’appuyer avec des données scientifiques prouvées et des études de terrain, en pratiquant des tests sérologiques sur les échantillons de prélevés ; des échantillons qui soient vraiment représentatifs en termes de nombres et de proportions (âge, sexe) et par rapport à la situation géographique afin de pouvoir avancer une telle hypothèse.

En ce qui concerne les chiffres qui ont été rapportés, au moins jusqu’à aujourd’hui suivant le nombre de dépistages de PCR réalisés, nous en sommes à 120 000 cas prouvés officiellement depuis le début de la pandémie.

Or, l’on sait bien que le dépistage par PCR est très faible chez nous, chose qu’on disait depuis le début, il conviendrait peut-être de multiplier ce chiffre par 2, 3, 4, voire 5 fois.

Personnellement j’opte pour une multiplication par 5 ce qui va nous faire 600.000 cas dépistés depuis le début de la pandémie chez nous. Et sur cette base, je pense qu’on est très loin du compte pour dire que nous avons atteint l’immunité collective.

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