Entamée à la hussarde samedi 30 janvier, la campagne de vaccination contre la Covid-19 en Algérie n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière, en raison de l’insuffisance des quantités de vaccins acquises.
Officiellement, l’Algérie a réceptionné à ce jour 300.000 doses de vaccins contre le Covid-19. « Soit 50.000 doses du vaccin russe Spoutnik V, 50.000 doses du vaccin d’AstraZeneca, et enfin 200.000 doses du vaccin chinois Sinopharm (sous forme de don) », a précisé le mardi 2 mars dernier, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, dans une déclaration à l’agence officielle.
En marge d’une visite d’inspection au CHU Franz Fanon de Blida, il a ajouté que « l’Algérie s’apprête à la réception de nouveaux arrivages de vaccins anti Covid-19, estimés à des centaines de milliers de doses, durant mars courant », sans préciser de date, ni de planning.
Le ministre a indiqué que les arrivages attendus s’ajouteront aux 300.000 doses déjà réceptionnées. Quid des 800.000 doses dans le cadre du groupe Covax ? Le 16 février, devant les députés de l’APN, Benbouzid avait annoncé que l’Algérie allait recevoir, fin février, « 700.000 à 800.000 doses dans le cadre du groupe Covax du vaccin contre la Covid-19 ».
La première semaine de mars est déjà entamée mais il n’y a aucune annonce sur l’arrivée des fameuses doses. Dans un entretien à TSA, le Pr Wahiba Hadjoudj, directrice générale de la pharmacie au ministère de la Santé, a annoncé qu’une quantité de vaccins de l’ordre de 1,8 million doses devra être réceptionnée « au courant du mois de mars ».
« Cette quantité représente le quota alloué à l’Algérie au titre de trois mois : mars, avril, mai. Pour les mois de juin et juillet, il y aura d’autres notifications pour les nouveaux quotas qui nous seront alloués dans ce cadre », a-t-elle ajouté. Outre le mécanisme Covax, l’Algérie s’attend à recevoir des vaccins par l’intermédiaire de l’Union africaine.
EPSP de Larbaâ : 700 doses pour 400 000 habitants
Des praticiens du secteur public ont pour leur part reçu leurs premières injections, voire les deux pour certains d’entre eux. Cependant, les quantités ne sont pas au rendez-vous, comme le signale le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP).
Médecin généraliste à l’EPSP de Larbaâ dans la wilaya de Blida, le Dr Merabet livre un constat saisissant. « L’établissement couvre trois daïras avec une population estimée entre 350 000 et 400 000 habitants, nous n’avons reçu que 700 doses à répartir sur au moins une structure de santé par daïra », détaille-t-il, dans un entretien à TSA.
Les 700 doses correspondent à 350 personnes à vacciner étant donné le procédé des deux injections par individu. Qui plus est, ces maigres quantités sont censées répondre aux besoins à la fois des professionnels de santé et des citoyens candidats à la vaccination.
Combien de professionnels de la santé ont-ils été vaccinés ? « Nous n’avons pas eu la possibilité de faire ce travail (de recensement) mais si l’on prend l’effectif concerné dans le secteur public entre médecins, infirmiers, corps communs…on est au minimum à 300 000 travailleurs. Sur ce total, on est à peine à 20 000 professionnels, et là j’exagère le chiffre, qui auraient été vaccinés », explique le Dr Merabet.
La colère des médecins libéraux : « On s’est fait avoir »
La campagne vaccinale anti-Covid qui devait toucher en priorité les personnels soignants et les personnes âgées avec comorbidités, a été marquée par des couacs après que l’opinion eut constaté que des personnes en dehors de ces deux catégories prioritaires, ont reçu l’injection à l’instar du président du parti El Bina, Abdelkader Bengrina qui a fait polémique.
Cela se passe au moment où les médecins libéraux représentés par le Syndicat national des médecins libéraux (SNML), crient à leur exclusion de cette campagne vaccinale. « Nous n’avons aucune information (…). Nous lisons les informations comme tout le monde. Nous ne voyons rien venir. Il n’y a aucune note qui a été adressée aux médecins libéraux par les DSP (directeurs de santé) », dénonçait début février le Dr Mustapha Benbraham, président du SNML, qui revendique 35 000 adhérents.
La colère exprimée par le Dr Benbraham est d’autant plus compréhensible au vu du lourd tribut payé par les médecins libéraux à cause de l’épidémie de Covid. « Nous avons enregistré 157 décès à cause du Covid et des centaines de contaminations parmi les médecins libéraux. On s’est fait avoir. On nous a tourné le dos », a-t-il dit.