L’élimination de l’Algérie par le Cameroun en barrages du Mondial 2022, mardi 29 mars au stade Tchaker de Blida a été un véritable traumatisme pour les supporters algériens. Les décisions controversées de l’arbitre gambien Bakary Gassama les ont écœurés.
Au lendemain de cette défaite qui a privé l’Algérie d’une cinquième participation à un mondial de football, une polémique a surgi sur les réseaux sociaux concernant la réalisation du match par la Télévision publique (ENTV) et l’utilisation de la VAR.
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Le service des sports du service public est sorti du silence, vendredi soir à l’occasion de l’émission « Nabd el Kora » pour apporter des précisions et répondre par la même occasion aux accusations.
La Télévision publique algérienne a montré les images des actions litigieuses, du premier but du Cameroun qui a été entaché d’une faute contre Aissa Mandi jusqu’à l’action du but de Slimani qui n’a pas été validé par l’arbitre pour cause de main, en passant par le penalty refusé à Youcef Attal bousculé dans la surface camerounaise par le même défenseur qui a exercé une charge sur Aïssa Mandi sur le premier but camerounais.
Le réalisateur du match pour le compte de la Télévision publique, Yazid Belkout, affirme d’emblée que 12 caméras fournissaient des images directement à la VAR.
« Je n’ai eu aucune intervention », s’est-il défendu. « Il y a un opérateur NSM « réalisateur VAR » qui a la main sur les images. Il a tous les angles que lui fournissent les douze caméras. Il peut revoir les actions plusieurs fois et en même temps. Il peut zoomer sur les images en vue de confirmer à l’arbitre qu’il y a erreur ou pas », a-t-il expliqué.
« C’est à ce même opérateur que les arbitres du VAR s’adressent pour apprécier les images sous différents angles », abonde le consultant arbitrage de la Télévision nationale, Mohamed Zekrini.
Et Yazid Belkout de poursuivre : « Je ne peux pas en tant que réalisateur refaire les ralentis 5 à 6 fois parce que le match se poursuit et que la priorité est au direct. Je choisis les meilleurs angles et j’en repasse deux ou trois. Quand j’ai un peu de temps, je repasse une quatrième fois. Mais lorsque le jeu se poursuit, je dois revenir au direct ».
Un journaliste qui était à bord du camion de l’ENTV livre son témoignage sur le premier but du Cameroun. D’emblée il tient à faire le distinguo entre la réalisation télé et la réalisation du VAR qui ,elle, offre plusieurs images.
« Nous avons repassé les images (de l’action du but camerounais) 5 fois », a-t-il affirmé. « Le VAR aurait dû s’arrêter sur l’action. Dès que le but a été inscrit, l’arbitre Gassama était en discussion avec la chambre du VAR, pourquoi n’était-il pas allé vérifier alors que la charge sur Mandi était patente ? Sans le VAR, l’arbitre aurait dû siffler la faute », ajoute Mohamed Zekrini, catégorique.
« La VAR ne s’est pas arrêtée de fonctionner »
Avant d’en arriver là, l’opérateur du VAR doit d’abord s’en référer au réalisateur du match, en l’occurrence Yazid Belkout, a souligné un assistant du réalisateur.
Un journaliste, qui était présent dans le camion de l’ENTV lors du match, infirme l’allégation selon laquelle la VAR s’était arrêtée de fonctionner pendant 3 minutes ce qui aurait expliqué que l’arbitre n’y ait pas recouru pour « checker » le but camerounais.
Il témoigne que le gardien algérien, Rais M’bolhi, est resté au sol entre 3 et 4 minutes suite au choc qu’il a subi. « Pendant ce laps de temps, l’action litigieuse a été repassée 5 fois. Comment dire que la VAR s’est arrêtée pendant 3 minutes ? C’est une fake news, malheureusement », a-t-il lancé.
Le réalisateur Yazid Belkout témoigne pour sa part que pendant la mi-temps, il s’était entretenu avec des techniciens tunisiens qui étaient aux côtés des arbitres du VAR.
« Je leur ai demandé si la VAR s’était effectivement arrêtée de fonctionner ou s’il s’était passé un quelconque problème technique. Ils m’ont répondu que non, que tout était OK », a-t-il dit.
Le consultant Mohamed Zekrini confirme que la VAR ne s’est pas arrêtée et fustige l’attitude de l’arbitre Gassama. « En cas d’arrêt du VAR, les arbitres (du VAR) doivent faire appel à l’arbitre central et l’informer. Dans ce cas, l’arbitre de la rencontre arrête le jeu dans l’immédiat et fait appel aux capitaines des deux sélections et leur dit que le jeu va être poursuivi sans VAR car celui-ci est momentanément à l’arrêt », a-t-il expliqué.
Zekrini fait grief contre les arbitres du match et l’arbitre assesseur pour ne pas avoir effectué une simulation sur le VAR la veille du match, comme c’est de pratique.
Il cite le cas de l’arbitre algérien Mustapha Ghorbal et ses assistants qui ont officié le match Sénégal-Égypte en barrages du Mondial 2022. La veille du match, dit-il, le trio arbitral a fait jouer deux équipes jeunes du Sénégal qui ont disputé un match de simulation de 30 minutes. « Pendant le jeu, le trio arbitral a constaté une défaillance du VAR qu’il a fait corriger », a observé Zekrini.
La Télévision publique algérienne a montré dans des images tournées avant le match, les nombreux angles de vue dont dispose l’arbitrage du VAR. Un journaliste de la rubrique sportive a réfuté l’idée que le match aurait été tourné avec 8 caméras seulement.
Il a avancé le chiffre de 13 caméras. L’ENTV, à travers son service des sports, affirme avoir pris toutes les dispositions pour la couverture du match et réfute les accusations de manque d’implication. « Gassama ne voulait pas que nous accédions au Mondial », a lâché Mohamed Zekrini, qui reste pessimiste sur l’aboutissement du recours introduit par la FAF auprès de la FIFA. L’instance du football mondial devra trancher le 21 avril sur cette affaire.