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Vendredi 118 : la marche d’Alger de nouveau empêchée

Vendredi 118 : la marche d’Alger de nouveau empêchée

Pour le deuxième vendredi de suite, la traditionnelle marche hebdomadaire du Hirak n’a pu avoir lieu à Alger. Elle a été empêchée par un dispositif de sécurité impressionnant déployé dès la matinée dans les rues du centre-ville.

Les manifestations ne se sont pas déroulées également dans de nombreuses villes du pays, sauf en Kabylie, où des milliers de citoyens ont manifesté dans les rues de Tizi-Ouzou et Béjaïa.

Ceux qui, la semaine passée, avaient expliqué l’échec de la marche de la Capitale par sa coïncidence avec les fêtes de l’Aïd n’auront pas vu tout à fait juste. Ce vendredi 21 mai, 118e du Hirak, on a assisté au même scénario. La police a bloqué tous les accès aux places qui accueillent d’habitude les manifestations et axé particulièrement sur les points de départ des marches : Bab El Oued et la Mosquée Errahma à la rue Ferhat Boussad, au centre d’Alger. L’itinéraire habituel est également occupé par des centaines de camions de CRS et des éléments antiémeute. Même la place du 1er-mai était  quadrillée. Les policiers en civil étaient également fortement déployés, très visibles, ainsi que les premiers manifestants qui attendaient dès la matinée déambulant sur les trottoirs ou s’attablant aux terrasses des cafés.

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Ce qui s’est passé la semaine passée, avec les centaines d’arrestations opérées, a visiblement influé sur la mobilisation, ainsi que d’autres facteurs, comme la décision prise la veille de suspendre l’activité des trains et du tramway vers le centre-ville.

Plusieurs milliers de citoyens ont toutefois tenté de marcher, notamment à Bab El Oued où, malgré tout, des centaines d’irréductibles sont revenus plusieurs fois à la charge jusqu’à réussir à manifester à travers les ruelles du quartier avant d’être dispersés par les forces de police. Pas moyen cependant d’atteindre le centre d’Alger, complètement quadrillé.

Les manifestants ne renoncent pas au pacifisme

A la mosquée Errahma, les manifestants ont été empêchés d’entamer la marche après la fin de la prière hebdomadaire. Des arrestations ont été effectuées, ainsi qu’au niveau des rues Didouche-Mourad et Asselah-Hocine et à la place Emir Abdelkader.

Sur les hauteurs de la rue Didouche, le siège du RCD est encerclé et des dizaines de manifestants ont été bloqués à l’intérieur. Contrairement à la semaine passée, Mohcine Belabbas n’a pas été interpellé. Le président du parti a témoigné que le siège a été encerclé juste après sa sortie pour tenter de prendre part à la marche.

Tout comme vendredi dernier, les journalistes ont travaillé dans des conditions très difficiles. Ils ont été systématiquement empêchés de filmer et plusieurs d’entre eux ont été interpellés. Les citoyens qui ont tenté de faire des lives, de prendre des photos ou d’enregistrer des vidéos ont été également empêchés de le faire.

Les arrestations se comptent par dizaines à Alger. En fin de journée, des décomptes d’activistes ont fait état de 500 interpellations à travers plusieurs villes où il y a eu des tentatives de marcher : Jijel, Khenchela, Tlemcen, Bordj Menaiel, Constantine, Oum El Bouaghi, Annaba, Skikda, Bouira…

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A Tizi-Ouzou, par contre, la marche s’est déroulée normalement et drainé une foule nombreuse. Des milliers de manifestants ont sillonné le boulevard central de la ville des Genêts, dans le calme, scandant les slogans habituels du Hirak. La police était présente en force mais n’a pas tenté d’empêcher la manifestation.

Même ambiance à Béjaïa où des milliers de citoyens ont également marché. De nombreuses arrestations sont néanmoins signalées.

A Bouira, l’autre grande ville de Kabylie, la manifestation a tourné à l’émeute lorsque la police a tenté d’empêcher la marche. Des affrontements s’en sont suivis et les forces antiémeute ont procédé à des arrestations. Ce sont les seuls incidents signalés à travers tout le pays.

Malgré l’empêchement des marches et les arrestations, ceux qui sont sortis dans la rue ont évité l’affrontement avec la police. Les rares groupes qui ont réussi à se rassembler ont d’ailleurs beaucoup insisté sur la « silmya, pacifisme » dans leurs slogans.

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