Les ex-organisations de masse, habituellement proches du FLN, sont traversées depuis quelques jours par un vent de dissidence au moment où le pays connait un mouvement de contestation du 5e mandat pour Bouteflika.
Des sections locales de l’UGTA, qui soutient le président Bouteflika depuis 1999, se rebellent contre leur direction. A Tizi Ouzou, le syndicat de l’Eniem (Entreprise publique de production des produits électroménagers) se démarque clairement de Abdelmadjid Sidi Saïd et de sa position par rapport à la présidentielle d’avril prochain. «Une prise de position qui s’est faite d’une manière unilatérale et arbitraire », est-il écrit dans une déclaration. « La situation de confusion, de tension et de manipulation qui prévaut actuellement dans le pays nous interpelle à tout égard », est-il ajouté.
A Biskra, les sections syndicales des travailleurs des impôts, du budget et du cadastre, ont annoncé leur soutien aux manifestants et leur opposition au 5e mandat.
A la Maison du peuple, siège de la Centrale syndicale, des syndicalistes de l’enseignement supérieur et du secteur hydraulique, sont venus manifester sous les fenêtres de Sidi Saïd pour dénoncer sa gestion.
Leader du mouvement de redressement, Mohamed Tayeb Hamarnia voit l’arrivée d’une occasion idoine pour pousser Sidi Said, à la tête de l’UGTA depuis 23 ans, vers la porte.
L’Union nationale des femmes algériennes (UNFA), dirigée par Nouria Hafsi du RND, est lacérée par des divisions liées au soutien du 5e mandat. Divisions apparues lors d’une réunion à Alger, ce mardi 5 mars. L’UNFA a toujours soutenu Bouteflika depuis 1999.
Les médecins et les avocats en colère
Le Conseil national de l’ordre des Médecins a, pour sa part, salué, dans une déclaration signée par son président Mohamed Bekkat Berkani, « le mouvement populaire du 22 février et du 1er mars » et se déclare « partie prenante de toutes les positions exprimées par le peuple algérien dont il fait partie ».
Les organisations estudiantines, qui ont soutenu la continuité, sont, elles aussi, secouées, notamment par le mouvement de rue des étudiants contre le 5e mandat.
Dans plusieurs universités du pays, des étudiants affiliées à ces organisations, au nombre de dix, ont restitué leurs cartes d’adhésion en signe de protestation contre leur position alors qu’on évoque l’existence d’actions de redressement au sein de certains syndicats d’étudiants.
Sur les réseaux sociaux, on souligne des démissions discrètes de certains élus locaux du FLN et du RND, partis membres de l’Alliance présidentielle. Les députés Sid Ahmed Ferroukhi (FLN) et Khaled Tazaghat (ex-El Moustakbal) ont décidé de quitter l’APN pour exprimer leur colère. Les maires FLN d’Amizour (Bejaia) et d’Ouled Madi (M’sila) ont annoncé leur opposition au 5e mandat, alors que leur parti soutient la candidature de Bouteflika.
Les avocats se rebellent à leur manière. L’ordre des avocats de Constantine, qui regroupe aussi les tribunaux de Jijel, Mila et Skikda, a annoncé le boycott les activités des cours et des tribunaux en signe de dénonciation du 5e mandat. Idem au bâtonnat de Tizi Ouzou où les robes noires prévoient d’organiser une grève pour protester contre la décision de Bouteflika de se porter candidat à la présidentielle du 18 avril prochain.