Société

Vente de RDV de visa Schengen : ce que réclame l’Algérie des ambassades étrangères

La forte demande des Algériens sur les visas Schengen, auprès notamment des consulats de certains pays occidentaux (France, Espagne…) a induit la prolifération du phénomène de « vente de rendez-vous » au noir.

Pour éviter d’attendre plusieurs semaines et vu la difficulté d’obtenir des rendez-vous, certains citoyens préfèrent payer. Jusqu’à plus de 100.000 dinars, dénonce le député des Algériens de l’étranger, Abdelouahab Yagoubi, dans une question écrite au Premier ministre.

Le député a rendu public le texte de sa question et la réponse du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale établie à l’étranger, Ahmed Attaf.

« Humiliations »

Le parlementaire a pointé du doigt des intermédiaires, des agences de voyages et des personnes suspectes activant sur les réseaux sociaux. Ces « bandes » profitent de la détresse de certains citoyens devant voyager en urgence pour diverses raisons (tourisme, soins, études, affaires…) et leur appliquent illégalement des tarifs exorbitants, pas pour obtenir le visa, mais uniquement pour avoir un rendez-vous, explique-t-il.

Yagoubi a aussi dénoncé les « humiliations » infligées par les sociétés prestataires de visa agréées par les consulats étrangers aux citoyens algériens, contraints d’attendre dans de longues files d’attente à l’extérieur ou de payer pour bénéficier d’un service VIP.

Le parlementaire a interpellé le Premier ministre, indiquant que « la lutte contre ce phénomène implique une action commune des ministères des Affaires étrangères, de la Justice et du Commerce. Il a suggéré l’ouverture d’enquêtes judiciaires par le parquet et des actions des services du commerce pour amener les sociétés prestataires à se conformer à la réglementation. »

Le chef de la diplomatie algérienne s’exprime sur le phénomène de vente des rendez-vous de visa

La réponse à la question écrite de Yagoubi est venue du ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, qui a reconnu d’emblée le caractère « illégal » de la vente des rendez-vous de visa.

Selon Ahmed Attaf, la lutte contre ce phénomène est « la priorité des priorités » des services compétents de son département.

Le chef de la diplomatie algérienne assure que son ministère alerte périodiquement les représentations diplomatiques étrangères quand ce type de pratiques sont enregistrées, tout en les exhortant à œuvrer pour assurer le respect de la législation nationale dans ce domaine, et fournir toutes les facilitations possibles aux citoyens algériens dans le traitement des demandes, « conformément au principe de réciprocité ».

Marché noir des RDV de visa Schengen en Algérie : « Un phénomène dangereux »

Ce travail de sensibilisation auprès des ambassades étrangères en Algérie a donné « de bons résultats », ajoute-t-il, puisque certaines représentations ont décidé de créer des plateformes Internet permettant aux demandeurs algériens de déposer et de suivre en ligne leur demande de visa, sans recourir à des intermédiaires.

Certaines ambassades ont même engagé des poursuites contre des personnes impliquées dans des « cas d’extorsion et de fraude au niveau des centres concernés », fait savoir le ministre.

Ahmed Attaf assure, en outre, que son département ministériel poursuivra ses efforts, dans la limite de ses prérogatives et en coordination avec les organismes nationaux compétents, afin de lutter contre ce « phénomène dangereux » et « assurer un traitement optimal préservant la dignité de nos citoyens et protégeant leurs droits ».

Le ministre des Affaires étrangères s’est aussi engagé à poursuivre ses efforts de sensibilisation à l’égard des représentations diplomatiques étrangères afin de les inciter à faire preuve d’un « esprit de responsabilité et à adhérer aux lois du pays » et aux « règles pertinentes du droit international, notamment la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques ».

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