C’est le même refrain, la même rengaine. Une habitude qui ne surprend plus les consommateurs mais qui les révoltent. Sans surprise, en ce début de Ramadan, les prix des fruits, légumes et viandes ont connu un coup d’accélérateur.
Les ingrédients indispensables à la préparation des plats incontournables durant ce mois sacré ont eu un véritable coup de chaud. En tête du podium, l’oignon. Il y a quelques jours à peine, ce légume était vendu à 35 da le kilo. Le voilà caracolant à… 150 da. Du jamais vu ! De quoi faire pleurer les ménagères ! Le citron, prisé sur la table du ftour notamment pour son jus désaltérant ‘cherbet,’ s’affiche quant à lui à 380 da. Petit tour dans les étals des marchés d’Alger.
Bain de foule et coup de massue
Il est à peine 9h mais le marché Ferhat Bousaad (Ex-Meissonnier) grouille déjà de monde. Certains ne savent pas encore que le couvre-feu a été repoussé jusqu’au 17h au lieu de 15h. D’autres ont pris leur précaution afin d’éviter un bain de foule en ces temps de crise sanitaire. Peine perdue, les consommateurs sont dans une incroyable promiscuité.
Premier constat, très peu de commerçants ont daigné afficher les prix sur leurs étals. Craignent-ils une ronde surprise des services de contrôle ?
En tout cas, en dépit des assurances des pouvoirs publics quant à la stabilisation des prix durant ce mois sacré, les prix ont flambé, accusant une importante augmentation par rapport à la semaine dernière.
Tomates : 140 da ; oignon sec : 150 da, oignon frais : 100 da, haricot verts : 250 da ; aubergines : 120 da ; petits pois : 150 da ; artichaut : 150 da ; carottes : 120 da ; courgette : 160 da ; concombre : 100 da ; laitue : 150 da ; poivron : 160 da ; navet : 120 da ; betterave : 180 da.
Au rayon fruits, ça chauffe également pour le porte-monnaie : bananes : 260 da ; fraises : 220 da ; oranges : 160 da ; pastèque : 120 da.
Trop chère la viande !
C’est connu, les Algériens consomment beaucoup de viande rouge et blanche durant le Ramadan. Là aussi, une hausse a été constatée. Viande fraîche d’importation : faux filet : 1500 da ; steak : 1400 da ; entrecôte : 1500 da viande hachée : 1200 da ; foi de veau : 1900 da. La viande congelée coûte 1000 da le kilo (viande hachée) et le poulet : 280 da.
Manque d’hygiène
En plus de la hausse des prix, de la promiscuité, les conditions sanitaires sont déplorables au marché Ferhat Boussaad. A l’entrée, un monticule d’immondice accueille les clients. Mouches et odeurs pestilentielles sont au rendez-vous. Ça ne donne pas envie de faire ses courses.
Au marché Ali Mellah, défaut d’affichage des prix
Le marché Ali Mellah (Place du 1 er mai) ne déroge pas à la règle. Les prix ont également pris l’ascenseur laissant les consommateurs sur le carreau. Les commerçants rejettent la faute sur les vendeurs des marchés de gros. « C’est eux qui ont allumé le feu, nous dit un vendeur de légumes. Cette semaine, tous les prix ont augmenté. On ne fait que suivre la courbe ».
Dans ce marché, le défaut d’affichage des prix est visible partout. Impossible de connaître les prix des marchandises en dehors du bouche-à-oreille. Les clients se pressent pour acheter les ingrédients indispensables à la préparation du repas. Les fruits secs sont également « intouchables ». Raisins secs (entre 1200 et 1900 da) ; abricot sec : 900 da ; pruneaux : 1200 da ; amandes : 1900 da. Le blé concassé (frik) se vend à 450 da et les pois chiches à 240 da.
Chorba sans viande
Nous avons échangé avec plusieurs clients. Tous se plaignent de ces augmentations qui laminent leur pouvoir d’achat. Mahmoud (52 ans) s’est retrouvé dans une grande précarité depuis le début du confinement sanitaire.
« Je travaillais dans l’informel jusqu’à ce que le coronavirus porte un coup de grâce à mon gagne-pain. J’ai quatre enfants à nourrir. Les prix affichés en ce début de Ramadan sont indécents. L’islam ce n’est pas ça ! Les commerçants en profitent pour se remplir les poches. Pour moi, ce sera une maigre chorba sans viande cette année ! ».
Quant à Anissa (43 ans), elle regrette l’absence des contrôleurs sur le terrain « Nous sommes pris entre le marteau et l’enclume. Toutes ces augmentations ne sont pas normales. C’est aux autorités de veiller à punir les voleurs pour préserver le pouvoir d’achat des citoyens », s’insurge-t-elle.
Des consommateurs qui en ont ras-le-bol, des commerçants qui tirent leur épingle du jeu en profitant au maximum de la situation, des contrôleurs absents sur le terrain, chaque début de Ramadan enregistre les mêmes scènes. Cette année, pas d’exception en dépit de la crise sanitaire due au Covid-19 et des assurances et menaces des autorités. Saigner les consommateurs en s’en mettant plein les poches est l’unique credo des commerçants. Malheureusement, le scénario se répète chaque début du ramadan.