Le président turc s’en est pris vendredi à un journaliste français l’interrogeant sur la livraison supposée d’armes par Ankara au groupe Etat islamique en 2014, au cours d’une conférence de presse, à l’issue d’un entretien à Paris avec son homologue français.
Le journaliste, travaillant pour le magazine “Envoyé spécial” de la chaîne de télévision France 2, a interrogé le président Recep Tayyip Erdogan sur l’interception en janvier 2014, révélée en mai 2015, de camions appartenant aux services secrets turcs (MIT) et transportant supposément des armes destinées à l’EI.
Lorsque cette affaire avait éclaté en Turquie, Ankara l’avait qualifiée de machination fomentée par Fethullah Gülen, un prédicateur installé aux Etats-Unis, ancien allié d’Erdogan devenu sa bête noire.
C’est également à M. Gülen et à ce que le gouvernement turc appelle “l’Organisation terroriste des partisans de Fethullah” (FETO), qu’Ankara impute le putsch manqué de juillet 2016, accusation que rejette catégoriquement M. Gülen.
“Tu parles avec les mots de FETO, pas comme un journaliste”, s’est énervé M. Erdogan, qui s’exprimait au cours d’une conférence de presse avec son homologue français Emmanuel Macron avec qui il s’est entretenu dans l’après-midi. “Ceux qui ont fait ces opérations étaient des procureurs de FETO, maintenant ils sont en prison.”
“Tu me poses cette question, mais pourquoi tu n’interroges pas les Etats-Unis qui ont envoyé 4.000 camions d’armes en Syrie ?”, a-t-il poursuivi. La Turquie critique régulièrement la livraison d’armes par Washington à des milices kurdes en Syrie qu’Ankara considère comme terroristes.
“Tu es journaliste, non ? Tu aurais dû enquêter là-dessus aussi”, a ajouté M. Erdogan, mettant en garde: “Vous n’avez pas face à vous quelqu’un qui va avaler ça facilement”.