La bombe lancée par le sénateur Abdelouahab Benzaim sur la retraite dorée des hauts de l’État et anciens élus, a suscité de nombreuses réactions.
Visés directement, les deux ex-membres du Conseil national de transition (CNT), Zoubida Assoul et Soufiane Djilali, ont annoncé des poursuites en justice contre le sénateur.
Les déclarations du sénateur Benzaim ont provoqué un sentiment de choc auprès de l’opinion algérienne. La polémique allait se tasser lorsque des internautes ont exhumé une vidéo dans laquelle Kamel Rezig, vilipendait les privilèges accordés aux anciens cadres de l’État et ex-élus en matière de retraites.
Avant d’intégrer le gouvernement Djerad en tant que ministre du Commerce, Rezig a exprimé clairement son opposition à ces privilèges. Il s’en prenait aux cadres supérieurs et anciens ministres qui bénéficiaient d’une retraite à 100 % grâce à la générosité de la caisse de retraite des anciens cadres de l’État.
« Cette caisse, avait-il dit au moment de l’insurrection citoyenne du 22 février 2019, avait été créée par (le défunt président) Chadli Bendjedid, mais que (l’ex-président) Bouteflika a élargie », si bien qu’« un ancien ministre perçoit une retraite équivalente à celle d’un ministre en exercice », critiquait-il.
Le futur ministre du Commerce y voyait surtout une forme d’hypocrisie de la part d’ex hauts responsables devenus opposants au régime Bouteflika, qui ne manquent pas d’occasion de dénoncer la corruption sous le règne du président déchu.
« Ils disent que Bouteflika est corrompu, que le système est corrompu, mais ils bénéficient d’une retraite mise en place par un système corrompu », avait-il accusé.
« Pourquoi ne bénéficient-ils pas d’une retraite dans le cadre de la CNR (Caisse de retraite) comme nous autres ? », s’était-il alors emporté l’ancien professeur d’économie à l’université de Blida, avant de rappeler qu’en Algérie il existe trois caisses de retraite.
« Il y a celle des citoyens pauvres que nous sommes (touchant une retraite à 80 %), celle de l’armée et il y a la caisse spécifique aux cadres supérieurs et qui bénéficient d’une retraite à 100 % », a-t-il énuméré.
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Rezig donnera-t-il l’exemple ?
« Le comble, c’est lorsque les cadres supérieurs bénéficient d’une augmentation de salaire, celle-ci est répercutée sur la retraite des ex-cadres », avait-il assené.
« Nous avons 700 ministres qui touchent une pension équivalente au salaire d’un ministre en fonction », avait-il dit encore, avant de lancer un défi à ces ex-hauts responsables « qui critiquent le système » d’avoir « l’audace » de renoncer à ce privilège accordé par ce même système.
« Quant à faire de l’opposition de salons et toucher une pension d’un ministre (…) le peuple est sorti pour leur dire vous partez tous », a accusé Rezig qui fait référence au slogan du mouvement pacifique populaire « Yetnahaw Ga3 ! » (Dégagez tous !). Maintenant qu’il rempile pour un nouveau bail dans le gouvernement Djerad à la faveur d’un remaniement partiel, Rezig donnera-t-il l’exemple ?
Le sénateur Abdelouahab Benzaim a jeté un véritable pavé dans la mare de la politique algérienne, en révélant comment les membres de l’ex-Conseil national de transition se sont assuré un salaire à vie. « Jusqu’à 40 millions de centimes », jure-t-il.
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