À Mexico Beach, petite station balnéaire de Floride vidée de ses habitants, on n’entend plus que les alarmes anti-incendies des maisons dévastées par l’ouragan Michael, et les engins de chantier qui déblayent les voies d’accès.
Les rafales de vent ont frappé en plein coeur mercredi cette destination de vacances appréciée de nombreuses familles, qui compte un millier de résidents à l’année, dont beaucoup retraités.
L’ouragan de catégorie 4 a tout balayé sur une centaine de mètres entre la plage et la route côtière. Les bungalows en bois construits sans fondations ont été emportés, et les débris (éviers, machines à laver, vélos, etc.) sont éparpillés sur le sol boueux. Les maisons sur pilotis, plus solides, ont tenu le choc. Mais les portes et fenêtres sont éventrées.
Sur la marina, les bateaux de plaisance sont échoués sur la rive, et certains ont été poussés jusque sur la route.
La ville a été vidée de la plupart de ses habitants par les forces de l’ordre, qui quadrillent la localité à la recherche de victimes. Mais certains sont restés et racontent avoir vécu l’enfer.
Rose Loth, 53 ans, était calfeutrée dans sa maison avec son mari et son chien quand l’ouragan est passé. « Une fenêtre s’est brisée, on l’a bâchée pour éviter que la pluie rentre mais la maison s’est mise à trembler. On a alors cassé une autre vitre pour laisser passer le flot d’air », raconte-t-elle à l’AFP.
– « Terrifiant » –
« Je pense que c’est la seule chose qui nous a sauvés », dit cette femme de 53 ans, qui travaille à la base militaire de Tyndall, à quelques kilomètres vers Panama City, autre ville ayant aussi subi de gros dégâts.
L’eau a envahi son garage et sa salle à manger, à plus de deux mètres au-dessus du niveau de la mer. Elle est la seule habitante à être restée sur les cinq maisons de sa rangée.
« On a eu très peur, on n’avait jamais vu quelque chose comme ça. Je ne resterai pas pour le prochain ouragan », dit-elle, au milieu du bruit lancinant des alarmes anti-incendies des maisons alentours. Il n’y a plus d’eau, plus d’électricité, ni de réseaux de téléphonie mobile.
D’autres habitants se sont retrouvés bloqués à l’entrée de la ville après s’être ravitaillés à Panama City.
Joyce Overstreet, propriétaire d’une société de fabrication de métaux de 61 ans, attend dans sa voiture l’autorisation de rentrer chez elle. « C’était lugubre, sombre, terrifiant, on avait l’impression que ça ne s’arrêterait jamais », raconte-t-elle sur le passage de l’ouragan.
Les habitants ont laissé la place aux engins de chantier qui déblaient la route, poussant les décombres sur les côtés et aux services de secours.
Ils se sont attelés à rechercher et porter secours aux éventuelles victimes. Avec son équipe venue de La Nouvelle-Orléans, Christopher Keller a passé sa journée à faire du porte-à-porte.
« On regarde si personne n’est piégé sous les décombres, sous un meuble. Ça peut arriver en cas de montée des eaux », explique ce responsable local de la Sécurité intérieure, qui vient de passer trois semaines en Caroline du Sud pour aider les victimes de l’ouragan Florence mi-septembre.