Human Rights Watch (HRW) dénonce dans un rapport « l’inaction » des autorités algériennes face aux violences conjugales que subissent les femmes en Algérie.
Dans son rapport sur « la réponse de l’État aux violences domestiques en Algérie », l’ONG déplore « l’inaction de la police, le manque de foyers et l’inefficacité des enquêtes et des poursuites judiciaires » qui « laissent souvent les rescapées de violences domestiques en Algérie à la merci de sévices supplémentaires en dépit de la nouvelle loi criminalisant les violences conjugales ».
Selon ce rapport de 59 pages, les femmes algériennes victimes de violences conjugales « subissent la stigmatisation sociale, la dépendance économique vis-à-vis de leurs agresseurs, le manque d’intervention adéquate de la police, des parties poursuivantes et des juges chargés d’enquêter sur les abus, et les freins judiciaires tels que les exigences de preuves déraisonnables ».
Pour HRW, « Les autorités algériennes devraient améliorer le soutien apporté aux victimes de violences domestiques, notamment en indiquant à la police et aux parties poursuivantes d’enquêter et d’intenter des actions en justice, et en augmentant la capacité des foyers et les ordonnances de protection afin d’empêcher les auteurs des abus de continuer à leur faire du mal ».
« Les victimes de violences domestiques font face depuis longtemps à la double injustice des abus à domicile et d’une piètre réaction du gouvernement », a expliqué la directrice de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW, Sarah Leah Whitson. « La nouvelle loi algérienne sur les violences domestiques n’est qu’un début », a-t-elle ajouté.
Pour réaliser ce rapport, l’ONG internationale « a interrogé 20 survivantes de violences domestiques, des représentants d’organisations non gouvernementales et des prestataires de services destinés aux survivantes, dont des avocats et des psychologues ». Toutefois, « les demandes de rencontre et d’information spécifique » adressées par HRW aux autorités algériennes sont restées lettre morte, d’après l’ONG.
Pour rappel, la nouvelle loi criminalisant les violences faites aux femmes prévoit de lourdes peines d’emprisonnement allant jusqu’à la perpétuité au cas où « les coups portés ou les blessures faites volontairement, mais sans intention de donner la mort, l’ont pourtant occasionnée ».
Plus généralement, durant les neuf premiers mois de l’année 2016, les services de police ont enregistré 8441 plaintes déposées par des femmes dont 6080 pour des violences physiques et 2026 pour maltraitance, selon les chiffres de la DGSN.