Les Marocains sont les plus privilégiés de tous les ressortissants des pays du Maghreb dans la délivrance des visas Schengen par l’Espagne. C’est ce qui ressort des chiffres révélés par le gouvernement espagnol dans sa réponse à une question d’un sénateur.
Le nombre de visas accordés aux demandeurs marocains ces trois dernières années est nettement supérieur à celui des Algériens et des Tunisiens.
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En Algérie, les deux consulats espagnols (Alger et Oran) ont reçu 128 776 demandes de visa Schengen. 87 120 ont été satisfaites et 41. 656 ont été rejetées, soit 32 % de taux de refus.
Pour les Marocains, le nombre de demandes a atteint 260 478 et celui des visas délivrés s’est élevé à 212 725, tandis que 47 753 ont été refusés, ce qui donne un taux de refus de seulement 18 %.
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Les Tunisiens ont été les moins nombreux à solliciter un visa pour l’Espagne, 12 527 demandes pour 8 780 visas délivrés.
Il est vrai que les traditions de déplacement vers l’Espagne, du fait de la proximité géographique et des liens historiques, sont plus ancrées chez les Marocains, comme le montre le nombre de demandes introduites, mais la différence des taux de refus dans l’un et l’autre pays interpelle.
Visas pour l’Espagne : les Algériens derrière les Marocains
Les statistiques ne sont pas détaillées par année, pour déduire si le traitement réservé aux demandeurs algériens est lié ou non à l’évolution des relations entre les deux Etats maghrébins et l’Espagne.
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Des relations qui ont connu des évolutions diamétralement opposées en mars dernier, lorsque le gouvernement de Madrid a mis fin à une longue brouille avec le Maroc au prix d’un alignement sur les thèses du royaume sur la question du Sahara occidental, déclenchant l’ire d’Alger.
Depuis juin dernier, le Traité d’amitié et les échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Espagne sont suspendus et les relations entre les deux pays sont réduites au minimum. L’Espagne est devenue ces deux dernières décennies une destination privilégiée pour les Algériens, dont beaucoup y ont acquis des biens immobiliers dans le sillage de la bulle immobilière qu’a connue ce pays à la fin de l’année 2010.
A l’automne 2021, c’est la France qui a imposé une restriction sur les visas pour les ressortissants des pays du Maghreb, pour amener les gouvernements de ces Etats à coopérer sur la question des reconduites aux frontières des migrants clandestins.
En Algérie, la décision s’est traduite par le rejet systématique d’une demande sur deux (50 % de taux de refus). A la veille de sa visite en Algérie, le 9 octobre, la Première ministre Elisabeth Borne, a révélé que 85 000 visas, dont 5 000 visas étudiants, ont été délivrés aux demandeurs algériens jusqu’à fin août dernier. Le taux de refus de 50 % est aussi appliqué par Paris pour les demandeurs marocains.