Xavier Driencourt ne lâche pas l’Algérie sur l’accord de 1968, les visas et l’immigration, allant jusqu’à proposer la fermeture de consulats algériens en France.
Dans une interview au Figaro magazine, l’ancien ambassadeur de France à Alger (2008-2012, 2017-2020) est revenu à la charge concernant l’accord franco-algérien de 1968 et livré quelques suggestions pour mettre fin à l’immigration algérienne en France.
Comme d’habitude, il ne s’est pas empêché d’user de beaucoup de contre-vérités. Il a aussi proposé de nouveaux leviers de pression inédits, comme la fermeture des consulats d’Algérie
Driencourt est le premier à avoir appelé à la dénonciation de l’accord de 1968. Il avait lancé l’idée en mai 2023 quitte, avait-il souligné, à provoquer la rupture des relations diplomatiques entre la France et l’Algérie.
Alors que la relation bilatérale n’a jamais été aussi proche de la rupture, Driencourt et tout le courant extrémiste dont il est désormais proche ont toujours dans le viseur l’Algérie et ses ressortissants en France.
Dans son interview au Figaro magazine, Xavier Driencourt soutient que les Algériens constituent 40 % des migrants en France. Ce qui est évidemment faux. L’unique chiffre disponible, celui du ministère de l’Intérieur, estime le nombre d’Algériens à 12% des étrangers présents en France, soit la même proportion que les Marocains.
Malgré les dénégations des spécialistes, l’ancien ambassadeur persiste à tente de faire croire que l’accord de 1968 "octroie aux Algériens de nombreux privilèges", dont un accès plus rapidement que les autres nationalités au regroupement familial, l’autorisation des étudiants à travailler, la création d’un titre de séjour spécial, le certificat de résidence, le statut de commerçant "particulièrement avantageux"…
"40 % des migrants en France, les Algériens, ne dépendent pas des lois votées par le Parlement, mais uniquement de l’accord de 1968« , dit-il puisque, selon lui, le Conseil d’État rappelle fréquemment à l’administration »que les Algériens ne dépendent que de l’accord de 1968 et non des autres textes".
Il explique que grâce à cet accord, les Algériens n’ont pas besoin d’un visa long séjour pour s’établir en France.
Accord de 1968 : Xavier Driencourt revient à la charge
Driencourt ajoute que cet accord permet aux Algériens d’entrer en France avec un visa touristique et de s’établir en "faisant jouer les différentes clauses de ce texte".
Il plaide pour la révocation de l’accord de 1968, expliquant que "si un traité international liait les États ad vitam aeternam, ils ne pourraient plus avoir leur propre politique étrangère".
Xavier Driencourt reconnaît que le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui est aussi favorable à l’abrogation de cet accord, ne peut que le souhaiter, puisqu’une telle décision relève des prérogatives du chef de l’État.
Concernant les leviers qu’il propose pour amener l’Algérie à délivrer plus de laissez-passer consulaires, il cite d’abord les passeports diplomatiques qui permettent à leurs titulaires d’entrer librement en France.
Cela a été institué par un échange de lettres des chefs de la diplomatie des deux pays en 2007, et il suffit de dénoncer cet échange sans passer par le président de la République, dit-il.
Il propose aussi d’agir "sur les circuits financiers et immobiliers algériens en France, notamment à Paris et à Neuilly« et de s’intéresser »aux réseaux de la mosquée de Paris" qui, selon lui, "jouent un rôle non négligeable pour contrecarrer les autorités françaises".
Xavier Driencourt propose la fermeture de consulats d’Algérie en France
Dans sa surenchère, Xavier Driencourt est allé jusqu’à évoquer une mesure extrême qu’il est le premier à proposer : fermer des consulats d’Algérie en France.
"On pourrait convoquer tous les consuls algériens, les rappeler à l’ordre, voire fermer un ou deux consulats pour l’exemple", suggère-t-il.
Et il y a évidemment, la réduction du nombre de visas pour les ressortissants algériens. Xavier Driencourt rappelle qu’il l’avait déjà fait lorsqu’il était en poste à Alger. "De mon temps, en un an, le nombre de visas délivrés était repassé sous la barre de 260.000 (de 413 000, ndlr), sans drame majeur", se targue-t-il.
L’ancien ambassadeur de France à Alger voit aussi dans l’accord d’association UE-Algérie "un levier important" pour faire pression sur le gouvernement algérien.
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