La décision des autorités françaises de réduire drastiquement le nombre de visas délivrés aux ressortissants des pays maghrébins, dont l’Algérie, est en train de tourner à la crise diplomatique entre l’Algérie et la France.
La décision a été annoncée hier, mardi, par le porte-parole du gouvernement français, Gabriel Attal, qui a assumé qu’il s’agissait d’une mise à exécution des « menaces » lancées précédemment à l’encontre des pays qui refusaient de délivrer des laissez-passer consulaires à leurs ressortissants qui font l’objet d’une procédure d’expulsion du territoire français.
Dans la même journée, l’Algérie a réagi par la voix de Amar Belani, envoyé spécial chargé de la question du Sahara occidental et des pays maghrébins et ancien ambassadeur d’Algérie à Bruxelles.
« Nous prenons acte de cette décision disproportionnée et nous la déplorons », a indiqué le diplomate, soulignant que cette décision est d’autant plus « malencontreuse dans la forme » qu’elle « intervient à la veille du déplacement d’une délégation algérienne à Paris dans le but de faire le point sur tous les cas en suspens et de déterminer le mode opératoire le plus satisfaisant en vue de renforcer la coopération dans le domaine de la gestion de l’immigration irrégulière ».
Ce que reproche l’Algérie à la France
Ce mercredi 29 septembre, l’ambassadeur de France à Alger, François Gouyette, a été convoqué au ministère des Affaires étrangères, a annoncé un communiqué du département de Ramtane Lamamra rendu public en fin de journée. Le diplomate français a été reçu par le secrétaire général du MAE.
Le diplomate français a été convoqué « afin de lui notifier une protestation formelle du gouvernement algérien suite à une décision unilatérale du gouvernement français affectant la qualité et la fluidité de la circulation des ressortissants algériens à destination de la France », explique le communiqué.
Selon la même source, la décision française « est intervenue sans consultation préalable avec la partie algérienne » et « comporte l’anomalie rédhibitoire d’avoir fait l’objet d’un tapage médiatique générateur de confusion et d’ambiguïté quant à ses motivations et à son champ d’application ».
Gouyette a été reçu par le secrétaire général du MAE, Rachid Chaïb Kaïd. Celui-ci a « mis en évidence la place centrale de l’élément humain dans la relation algéro-française et souligné la nécessité d’une gestion équilibrée, transparente et conforme aux instruments juridiques bilatéraux et universels du phénomène des mobilités des personnes, concluant que l’Algérie déplore cet acte malencontreux qui frappe de précarité et d’incertitude un domaine sensible de coopération postulant la confiance ainsi que le respect de la dignité des personnes humaines et des engagements pris par les deux gouvernements », ajoute le communiqué.
Dans la matinée, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a appuyé les propos de son collègue Gabriel Attal, résumant la situation par cette formule : « Tant que vous ne reprenez pas vos compatriotes, nous n’acceptons pas vos compatriotes. »
Un quota de 31.500 visas a été fixé par le président Emmanuel Macron pour les Algériens pendant les six prochains mois, soit la moitié du nombre de visas délivrés par les trois consulats de France en Algérie pendant la même période de 2020.