Alger et Riyad ont décidé de créer un Haut conseil de coordination qui sera coprésidé par le Premier ministre algérien et le prince héritier saoudien.
La décision a été prise à la fin de la visite officielle du prince héritier Mohamed Ben Salmane à Alger, ce lundi 3 décembre. Le Haut conseil aura pour objectif, selon la chaîne Al Arabiya, de « renforcer la coopération sécuritaire et politique ainsi que la lutte contre le terrorisme et le radicalisme religieux ».
Les questions économiques, commerciales et culturelles sont également inscrites dans l’agenda de ce Conseil autant que les questions liées à l’éducation.
Le Forum des hommes d’affaires algéro-saoudien, qui est à sa 12e session, s’est soldé, selon la même source, par la signature d’accords relatifs à cinq projets de partenariat dans les secteurs des industries chimiques, des médicaments, de la papeterie et de l’agro-alimentaire.
La société saoudienne Adwan Chemicals produira du chlore, de l’acide chlorhydrique et la soude caustique. L’entreprise saoudienne Tabuk Pharmaceuticals ouvrira une usine pour la fabrication des médicaments d’une capacité de production annuelle de 10 millions d’unités.
Deux autres usines ont été inaugurées pour produire le papier hygiénique et les jus. Les jus de fruits seront produits par le groupe agroalimentaire Aujan (AGH) dans la région de Blida.
« Il existe beaucoup d’opportunités en Algérie »
Youcef Yousfi, ministre de l’Industrie, a déclaré, en marge du Forum d’affaire, qu’il existe douze projets de partenariat industriel algéro-saoudien en Algérie d’une valeur globale de 14 milliards de dinars.
Des projets qui concernent les secteurs de l’agroalimentaire, de l’acier, de la construction et des industries chimiques. Selon l’agence officielle algérienne, des représentants de plus 100 entreprises algériennes et des responsables de 50 sociétés saoudiennes ont examiné, lors de rencontres B2B, les opportunités de partenariat dans les domaines de l’agriculture, de l’investissement foncier, des mines, de la technologie verte, des énergies renouvelables, de la gestion touristique et des industries de base.
Les entreprises saoudiennes ont montré de l’intérêt pour investir dans les mines, les engrais phosphatés, l’aviculture, l’électroménager, les produits plastiques et les textiles.
« La délégation d’hommes d’affaires saoudienne venue à Alger est importante. Je pense que c’est la première fois depuis l’indépendance du pays qu’on reçoive une délégation d’une telle importance. Ils cherchent notamment à investir dans les industries chimiques, le tourisme et l’agroalimentaire. Ils sont quelque peu gênés par la règle de 51/49. Cette règle existe en Arabie saoudite mais uniquement pour certaines filières stratégiques comme la pétrochimie », a souligné Mohamed Laid Benamor, président de la Chambre algérienne du commerce et de l’industrie (CACI), dans une déclaration à TSA.
La délégation saoudienne a été reçue à l’Agence nationale de développement de l’investissement (Andi) et à la Banque d’Algérie. « Ils voulaient s’informer sur le transfert des dividendes avant de lancer des investissements. Les vice-gouverneurs de la Banque d’Algérie ont bien expliqué les procédures. Les saoudiens sont bien conscients qu’il existe beaucoup d’opportunités en Algérie », a ajouté Mohamed Laid Benamor.
Des échanges commerciaux en augmentation
L’Algérie et l’Arabie saoudite ciblent, selon lui, les marchés régionaux et les marchés des pays voisins. La partie saoudienne a souhaité que les rencontres entre les entreprises des deux pays soient plus régulières pour intensifier l’investissement et « activer les échanges commerciaux ».
En ce sens, les hommes d’affaires algériens sont invités à se rendre en Arabie saoudite pour rechercher des partenaires et examiner les opportunités d’investissement. Promesse a été faite pour leur accorder toutes les facilités.
Durant les dix premiers mois de l’année en cours, les échanges commerciaux entre les deux pays ont augmenté de plus de 70%, par rapport à la même période en 2017, pour atteindre les 570 millions de dollars. La balance commerciale est favorable à l’Arabie saoudite avec une valeur d’exportation de 560 millions de dollars durant les premiers mois 2018 (plus de 90% sont des produits semi-finis).
Audience présidentielle annulée
La visite de MBS, venu à Alger avec une dizaine de ministres et de conseillers, a été suivie par un bref communiqué commun où sont évoqués « les relations fraternelles exceptionnelles et les rapports historiques » entre l’Algérie et l’Arabie saoudite et où est annoncée la création du Haut conseil de coordination.
La Chaine Al Arabiya a annoncé, durant la journée, que le président Bouteflika allait consacrer deux heures d’audience au prince héritier saoudien, « alors qu’habituellement il ne reçoit ses invités que pendant dix minutes ».
Finalement, le chef de l’État n’a pas reçu MBS à cause « d’une grippe aiguë », d’après un communiqué de la Présidence de la République. En février 2017, une visite de la chancelière allemande Angela Merkel a été annulée à cause de l’état de santé du président Bouteflika, souffrant à l’époque « d’une bronchite aiguë ».