La crise entre la France et l’Italie sur la gestion des migrants s’est aggravée, ce mercredi 13 juin, avec l’annulation d’un rendez-vous ministériel prévu à Paris. Le ministre italien des Finances Giovanni Tria a préféré rester à Rome plutôt que de rencontrer comme prévu mercredi son homologue français Bruno Le Maire, qui a dit « regretter » cette décision.
Rome exige désormais des excuses de la France après des propos jugés « inadmissibles » et menace d’annuler une rencontre entre les dirigeants des deux pays vendredi.
La cause de cette tension : la polémique déclenchée entre les deux pays après des déclarations du président français Emmanuel Macron, déplorant le refus italien d’accueillir les 629 migrants embarqués sur le navire humanitaire Aquarius.
Après 72 heures de crise en pleine Méditerranée, l’Aquarius a commencé sa longue traversée mardi soir vers l’Espagne, qui a accepté de lui ouvrir le port de Valence, où il devrait arriver en fin de semaine.
Devant le refus de l’Italie de lui ouvrir ses ports, le président Macron avait dénoncé mardi « la part de cynisme et d’irresponsabilité du gouvernement italien ». Des propos très mal reçus à Rome : homme fort du gouvernement italien et patron de la Ligue (extrême droite), le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini a immédiatement réclamé des excuses de la France.
Faute de quoi, a-t-il menacé, il vaudra mieux annuler, aussi, la rencontre prévue vendredi à Paris entre Emmanuel Macron et le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte : « Si les excuses officielles n’arrivent pas, le Premier ministre Conte fera une bonne chose en n’allant pas en France ».
Presque au même moment, la numéro deux de l’ambassade de France à Rome Claire Anne Raulin était convoquée au ministère italien des Affaires étrangères, en lieu et place de l’ambassadeur Christian Masset, absent. C’est la deuxième convocation de ce genre, un événement inédit dans les relations de pays pourtant très proches, après un incident fin mars déjà lié à la crise migratoire.
Le ministre des Affaires étrangères Enzo Moavero Milanesi, qui a personnellement reçu Mme Raulin, a souligné devant elle le caractère « inacceptable » des déclarations faites à Paris après le refus italien d’accueillir l’Aquarius. Giuseppe Conte avait dès mardi réagi aux propos de M. Macron: « l’Italie ne peut accepter de leçons hypocrites de pays ayant préféré détourner la tête en matière d’immigration ».