Économie

Voici les 3 principaux produits hors hydrocarbures exportés par l’Algérie

Une analyse sur l’état des lieux des exportations hors hydrocarbures est contenue dans le dernier rapport de la Banque mondiale de suivi de la situation économique de l’Algérie.

L’institution a, en outre, émis des remarques et des suggestions pour la réussite des efforts de l’État algérien pour la diversification de l’économie et des exportations qui sont dominées par les hydrocarbures.

D’emblée, la Banque mondiale a réitéré son appréciation positive du comportement de l’économie algérienne, avec une croissance restée « robuste », une inflation qui a ralenti grâce notamment à une production agricole résiliente et un compte courant « équilibré ».

Au premier semestre 2024, l’Algérie a réalisé une croissance du PIB de 3,9 % en glissement annuel, soutenue par les secteurs non-extractifs et l’investissement.

L’inflation, après le pic de 9,3 % en 2022 et 2023, est redescendue à 4,3 % pendant les neuf premiers mois de 2024 grâce en partie à la résilience de la production agricole qui a permis une stabilisation des prix des produits agricoles frais, ainsi que la levée des restrictions à l’importation de viandes.

Alors qu’il avait enregistré en 2022 un excédent (+8,6 %) pour la première fois depuis 2015, le compte courant est retourné à l’équilibre au premier semestre 2024, tandis que la balance commerciale est restée toujours excédentaire avec 3,5 milliards de dollars, soit nettement moins que les 6,3 milliards de dollars enregistrés pendant la même période de 2023.

La Banque mondiale fait toutefois état de « pressions accrues sur les équilibres extérieurs et budgétaires » de l’Algérie. La part élevée des dépenses publiques, le coût des importations (22,5 milliards de dollars pendant les six premiers mois de l’année) et les fluctuations imprévisibles des cours des hydrocarbures constituent un risque important pour les perspectives macro-économiques de l’Algérie, explique le rapport.

Les exportations hors hydrocarbures de l’Algérie ont triplé depuis 2017

La production et les exportations de pétrole et de gaz se sont justement contractées au premier semestre 2024.

La production de pétrole est passée de 1,055 million de barils/jour en novembre 2022 à 908.000 b/j en janvier 2024 à cause des multiples réductions volontaires de la production décidées dans le cadre de l’Opep+.

Le prix de référence du baril de pétrole était pendant les six premiers mois de 2024 à 82 dollars et les recettes de l’Algérie ont diminué de 4,7 % en glissement annuel. Les exportations de GNL ont fortement baissé (-10,8 %) et celles par gazoduc sont restées stables (+0,7 %).

La Banque mondiale note que 90 % des recettes extérieures du pays sont toujours générées par les exportations d’hydrocarbures.

Les efforts de l’Algérie pour développer les exportations hors hydrocarbures commencent à porter leurs fruits. Ces exportations ont triplé depuis 2017 pour atteindre 5,1 milliards de dollars en 2023.

L’objectif déclaré de l’Algérie est d’atteindre 29 milliards de dollars d’exportations en dehors du gaz et du pétrole en 2030 et un PIB global de 400 milliards de dollars en 2026-2027.

Dans son analyse, la Banque mondiale fait remarquer que malgré les performances de ces dernières années, les exportations hors hydrocarbures de l’Algérie demeurent faiblement diversifiées. Elles sont dominées à 80 % par les engrais, la sidérurgie et le ciment.

Huit produits représentent 88 % des exportations. Il s’agit des engrais azotés, le phosphate, l’ammoniac, les dattes, les produits sidérurgiques, les sucres, l’hydrogène et le ciment.

La destination des produits algériens est aussi peu diversifiée, étant concentrée sur un nombre limité de pays. Par exemple, les produits chimiques sont destinés à 29 % à la France, les engrais à 18,4 % aux États-Unis et 29,2 % au Brésil, le fer et l’acier à 29,8 % à la Turquie et 28,6 % aux États-Unis.

Exportations hors hydrocarbures de l’Algérie : diversifier les produits et les pays de destination

La Banque mondiale estime qu’il faudra élargir le panier des produits exportés ainsi que l’éventail des marchés de destination.

Bien que la production locale bénéficie d’intrants subventionnés, comme l’eau et l’énergie, le rapport rappelle que, ces 20 dernières années, l’investissement, la compétitivité globale et la part de l’industrie manufacturière dans le PIB de l’Algérie ont ralenti, affectant la compétitivité dans les secteurs à fort potentiel de croissance.

Pour les analystes de la Banque mondiale, l’Algérie, géographiquement proche de l’Europe, dispose d’un important potentiel de diversification et de croissance.

Pour exploiter pleinement le potentiel, ils recommandent le renforcement de l’environnement des affaires et l’amélioration de la productivité des entreprises, notamment celles du secteur public qui représentent le cinquième de la valeur ajoutée hors hydrocarbures. Des actions jugées essentielles à la compétitivité des exportations.

Pour soutenir la diversification des exportations, il faut aussi une « politique calibrée de change et de commerce », estiment les auteurs du rapport.

L’existence d’un double taux de change pourrait « biaiser les incitations aux importations » en encourageant l’importation et la surfacturation tout en décourageant les exportations hors hydrocarbures, expliquent-ils. Autre entrave soulignée, les restrictions commerciales sur l’accès aux intrants.

L’Algérie devrait aussi miser sur l’attraction des investissements directs étrangers (IDE) pour l’insertion dans les chaînes de valeur mondiales et engager des politiques de développement des chaînes de valeur ayant un potentiel à l’export. Cela, tout en prenant en compte de la transition énergétique mondiale.

La transition verte affectera la demande mondiale sur les produits à forte empreinte carbone, d’où la nécessité de l’adaptation aux efforts mondiaux de décarbonation pour une croissance hors hydrocarbures durable, indique la Banque mondiale, soulignant que, actuellement, plus de 80 % des exportations hors hydrocarbures algériennes vers l’Europe sont des produits à forte densité de carbone, donc sujets à des surcoûts tarifaires à cause de la réglementation européenne en la matière.

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