La huitième génération de la voiture la plus vendue en Europe a été dévoilée jeudi en Allemagne. Si Volkswagen s’est contenté de rafraîchir son style, la marque allemande a néanmoins repositionné son best-seller sur le thème de l’électrification. La nouvelle Golf prépare ainsi le terrain au premier modèle 100% électrique du groupe qui arrivera l’an prochain.
C’est juste la voiture la plus vendue en Europe… Rien que cela ! C’est dire à quel point la nouvelle Volkswagen Golf n’était pas seulement attendue mais était également crainte par l’ensemble de ses concurrents. Évidemment, la huitième génération de celle qui a assise la réputation du géant allemand de l’automobile n’est pas dans la rupture de style… Tant mieux pour les fidèles, et ils sont nombreux. Ici, hormis quelques retouches çà et là, la Golf reste résolument une Golf.
On sent toutefois que ce symbole du design austère allemand tente quelques « excentricités » : un nez plus effilé, une silhouette plus aérodynamique avec un toit fuyant, ou encore, une signature lumineuse plus moderne avec des leds qui ceinturent la calandre… C’est à l’intérieur que Volkswagen a voulu accentuer le changement : commandes vocales à tous les étages, double écran tactile… Volkswagen veut montrer qu’il a pris acte de la transformation du secteur avec toujours plus de connectivité.
Un environnement concurrentiel agressif
Défense toutefois de se méprendre… Sous ses airs conservateurs, la Golf n’est pas un produit défensif, au contraire il se veut offensif. La Golf doit affronter un segment de plus en plus disputé avec la montée en gamme de la Peugeot 308 (qui sera d’ailleurs renouvelée l’année prochaine), ou de produits très compétitifs.
En outre, ce segment des berlines compactes est structurellement en baisse face à la multiplication des modèles SUV, y compris sous ses propres couleurs avec l’arrivée du très ambitieux T-Roc. Dès lors, l’objectif de Volkswagen de réaliser des volumes de ventes équivalent à la génération précédente apparaît comme une gageure. Pour rappel, la Golf 7 s’est vendu à hauteur de 830.000 unités en 2018 dans le monde, et à 6 millions d’exemplaires entre 2012 et 2019.
Mais la Golf n’est pas un produit comme un autre chez Volkswagen, c’est le porte-drapeau de la marque. C’est elle avait inauguré la plateforme MQB en 2012, et c’est encore elle qui reprend sa version optimisée. Elle referme la marche d’un cycle de renouvellement de la gamme Volkswagen qui en a profité pour s’enrichir de nouveaux SUV (T-Roc et T-Cross), et de berlines avec l’Artéon.
L’électrification enfin lancée
La Golf inaugure surtout la nouvelle stratégie d’électrification de Volkswagen puisqu’il débarque avec plusieurs solutions dont un hybride rechargeable, mais également, pour la première fois sur le marché, trois niveaux d’hybridation légère, autrement appelé le 48 volts. Le 100% électrique fera l’objet d’une gamme totalement à part, contrairement à la génération précédente qui avait vu, par opportunité, le lancement d’une Golf 100% électrique. L’ID.3, présentée à Francfort, sera lancée en 2020 et affranchira la Golf de cette contrainte.
Chez Volkswagen, on juge la nouvelle Golf optimisée pour affronter les objectifs de CO2 en 2020. Les versions thermiques dégageront 17% de CO2 en moins, et la version « mild hybrid » (le 48 volts) permettra d’économiser 10% de gaz à effet de serre supplémentaires.
Avec cette double offensive (Golf + ID-3), Volkswagen montre que sa stratégie d’électrification ne se fait pas à la marge mais qu’elle est clairement dans une logique de rouleau-compresseur. Ses projets d’usine de batteries en Europe, tout comme l’enveloppe allouée à cette stratégie (35 milliards d’euros sur cinq ans), montrent à quel point Volkswagen ne tient pas à être un figurant sur ce marché.
Au contraire, il estime que l’électrification est une opportunité pour ajouter du confort de conduite. C’est également une opportunité pour plus de rentabilité puisque cette gamme offre de nouveaux équipements qui se justifient davantage sur les plus hauts niveaux de finition. D’autant que la Golf est historiquement l’un des plus gros pourvoyeurs de profit de la marque allemande (jusqu’à 20% des profits dans les meilleures années), même si cette position s’est largement atténuée avec l’arrivée des SUV.
Une marque résiliente
Cette stratégie d’électrification ne peut pas être évoquée sans rappeler l’épisode du Dieselgate. En conservant les fondamentaux de la Golf tout en l’agrémentant d’une électrification ambitieuse, il espère faire « reset » du passé aux yeux de l’opinion publique.
Mais Volkswagen sait que si son image a été fortement abîmée par le scandale des moteurs truqués, il ne s’en pas moins montré résilient malgré tout grâce à la puissance d’attributs liés à sa marque comme la fiabilité ou la robustesse. Dans un environnement concurrentiel et réglementaire très critique, la nouvelle Golf fait le pari que cette résilience est restée intacte en volume et en valeur.
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