À Adrar, la délégation officielle, venue célébrer les festivités du 48e anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures et le 63e anniversaire de la création de l’UGTA, a été accueillie par des contestations contre le 5e mandat pour le président Bouteflika.
Après un appel lancé, samedi soir sur les réseaux sociaux, une centaine de jeunes se sont rassemblés dans la matinée devant la bibliothèque de la ville avant d’être dispersés par les forces de police.
Une heure après, des manifestants, venus nombreux, se sont rassemblés devant le Centre médico-social de la Sonatrach. Ce centre devait être inauguré par Noureddine Bedoui, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, qui s’est déplacé dans la capitale du Touat accompagné de Mustapha Guitouni, ministre de l’Énergie, Abdelmalek Sellal, directeur de la campagne d’Abdelaziz Bouteflika, Abdelmadjid Sidi Said, secrétaire général de l’UGTA, Ali Haddad, président du Forum des chefs d’entreprise (FCE) et les représentants d’organisations patronales.
Mais le programme a été changé en raison du regroupement de contestataires qui ont fermé la route menant vers Reggane. Les forces anti-émeutes ont empêché les manifestants de se rapprocher du complexe sportif du 18 février, situé à une centaine de mètres, où se tenait un meeting.
« L’indépendance de la décision économique »
Devant des gradins dégarnis et une salle à moitié vide, Noureddine Bedoui a pris la parole pour lire la lettre du président Bouteflika adressée aux travailleurs. Il a évoqué « les réalisations », parlé de « la décision politique courageuse » relative à la nationalisation des hydrocarbures et rappelé le passé « nucléaire » d’Adrar (essais atomiques français des années 1960). « Les traces de ces essais sont toujours visibles à Adrar », a-t-il dit.
Bouteflika a salué le rôle des zaouias dans toute l’Algérie dans « la sauvegarde de l’unité du peuple » et « la protection de la religion ». Le chef de l’État sortant a parlé des réalisations comme « la construction des routes » dans le Sahara, l’usine de ciment au Sud d’Adrar et les « dizaine d’hôpitaux, d’écoles et d’universités ».
« Ces réalisations ont permis à l’Algérie de se rapprocher du niveau des pays les plus développés (…) L’Algérie s’est libérée de la pieuvre de la dette extérieure et a repoussé le chômage », a souligné le président évoquant « l’indépendance de la décision économique » de l’Algérie et « la paix sociale ».
À la fin de sa lettre, Bouteflika a loué les vertus de la continuité. Une manière de dire que son projet de 5e mandat est maintenu malgré le refus exprimé, vendredi 22 février 2019, par les manifestations dans plusieurs wilayas du pays.
« Celui qui ne paye pas ses dettes n’est pas un homme »
Abdelmadjid Sidi Said, de son côté, a également parlé avec ton offensif des « réalisations » de Bouteflika en matière politique (Concorde civile de 1999 et Charte pour la paix et la Réconciliation de 2005).
« Nous avons un trésor entre nos mains, la paix. Nous en rêvions à un moment donné. Si la paix est revenue, c’est grâce à cet homme. Nous avons une dette envers lui. Et celui qui ne paye pas ses dettes n’est pas un homme. Nous n’avons pas le droit d’être ingrats et ne pas reconnaître l’opulence que le président Bouteflika nous a permis d’avoir », a-t-il déclaré.
Sidi Said est revenu sur les violences des années 1990. « Nous est-il permis de revenir à cette période où nous avons presque tout perdu. Plus de 30 milliards de dollars de pertes. Vous voulez qu’on revienne au sang et aux larmes ? Vous voulez qu’on revienne aux maisons et usines brûlées ? Nous disons, non, non et non ! », a lancé Abdelmajid Sidi Said.