L’Algérie veut-elle vraiment criminaliser tout lien économique avec Israël et boycotter les entreprises étrangères qui soutiennent ce pays, comme l’affaire des médias français comme Cnews ? Nous avons posé la question à l’APN et à l’un des initiateurs du projet de loi qui n’a pas été déposé au bureau de la chambre basse du Parlement.
En pleine agression contre Gaza, des députés algériens veulent proposer un projet de loi de boycott d’Israël. Le projet est porté par des élus du Mouvement de la société pour la paix (MSP, opposition). L’initiative fait suite à celle d’un autre élu du même parti visant à graver dans le marbre de la loi la criminalisation de la normalisation avec l’État hébreu.
Le texte avait été rédigé et élaboré par le député Youcef Adjissa et déposé au bureau de l’Assemblée populaire nationale (APN) pendant la précédente législature. Le texte visait à criminaliser la normalisation avec Israël et à la définir.
Outre la normalisation proprement dite, c’est-à-dire l’établissement de relations diplomatiques, le projet ciblait toutes les autres formes de rapprochement avec Israël, comme l’ouverture de bureaux de représentation respectifs, les rencontres entre les responsables, la participation aux mêmes compétitions sportives ou événements culturels et évidemment le partenariat économique. Avec de fortes peines à l’encontre des contrevenants, pouvant aller jusqu’à 20 ans de prison.
« Comme le veut la procédure, j’ai déposé le projet au bureau de l’Assemblée et celui-ci m’a répondu en émettant des réserves », explique dans une déclaration à TSA, Youcef Adjissa, le député auteur de l’initiative.
Depuis, le texte est resté dans les tiroirs de la chambre basse du Parlement. Mais le député continue à défendre son bien-fondé.
Il s’agit de renforcer et d’encadrer la position de l’Algérie, qui est foncièrement contre la normalisation avec Israël, et qui n’a pas relations commerciales avec ce pays.
La société algérienne dans sa totalité soutient la cause palestinienne et est contre la normalisation, mais les Israéliens trouvent parfois des brèches pour s’infiltrer, explique le parlementaire, d’où la nécessité d’un texte de loi qui clarifie les choses. D’autant plus que, dit-il, plusieurs pays arabes se sont dotés de textes similaires, comme le Koweït, la Syrie, Oman…
Boycott d’Israël : des députés algériens envisagent de déposer un projet de loi
Pour le parlementaire, rien n’empêche l’Algérie de promulguer une telle loi du moment que le peuple et toutes les institutions de l’Etat sont avec la cause palestinienne. Un tel texte pérennisera la position algérienne, au-delà des hommes et des couleurs politiques, estime Youcef Adjissa.
Ce texte n’ayant pas dépassé l’étape du bureau de l’assemblée, des députés du même parti en ont élaboré un autre, destiné à criminaliser les opérations économiques ou commerciales avec des entités israélienne ou ayant un lien de près ou de loin avec Israël.
Autrement dit, encadrer et donner un cachet juridique au boycott d’Israël et des entreprises qui soutiennent ce pays.
Le texte, proposé par les députés MSP Azzedine Zahouf, Zakaria Belkheir et Slimane Zorgane, n’a pas encore été déposé au bureau de l’assemblée. « Le projet de loi n’a pas été déposé au bureau de l’APN », affirme une source officielle de la chambre basse du Parlement.
Il continue à être discuté au niveau de la commission de législation du groupe parlementaire du parti et sera déposé prochainement, fait savoir Youcef Adjissa. « C’est une proposition sérieuse et efficace. Elle concerne le boycott. Cette option a pris de l’ampleur en Europe contre les grandes sociétés qui soutiennent Israël », explique-t-il.
Les actions menées jusque-là ont démontré que le boycott est une arme très efficace en ayant mis en difficulté les sociétés qui ne cachent pas leur soutien direct à l’armée israélienne qui mène une guerre sanglante contre les populations palestiniennes.
Interrogé si le texte englobe les grandes sociétés mondiales qui traitent d’une manière ou d’une autre avec l’Etat hébreu, le député a indiqué que le projet de loi est encore en phase de discussion et d’enrichissement, soulignant toutefois que parmi ses clauses, il y a déjà la disposition importante d’interdiction et de boycott, par la force de la loi, de tout produit fabriqué en Israël, même en partie, des entreprises de ce pays ou des sociétés mondiales soutenant l’armée israélienne.
Le député MSP rappelle encore l’exemple de certains pays européens qui interdisent les produits en provenance des colonies israéliennes établies dans les territoires palestiniens occupés.