Société

VU D’AILLEURS – Hôpitaux : comment ça se passe en France ?

Les décès accidentels de deux jeunes femmes enceintes à quelques semaines d’intervalle ont suscité de vives réactions. Ils ont également relancé -une fois encore- le débat sur la prise en charge des patients dans les hôpitaux algériens.

Selon Liberté, les enquêtes du ministère de la Santé ont révélé une succession de négligences pour la première victime, et « deux défaillances » pour la seconde jeune femme décédée le 10 août. Il s’agit « de la responsabilité directe, dans cette mort, du personnel médical qui n’a pas pris en compte l’urgence du cas signalé par un gynécologue et l’absence de procédures d’admission (la jeune femme n’a pas été enregistrée dans le registre du service dès son arrivée à l’hôpital) », rapporte le journal.

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La procédure d’admission est pourtant obligatoire pour assurer le suivi du patient et évaluer la gravité de son état. En France, par exemple, à leur l’arrivée à l’hôpital, les patients doivent se présenter à l’accueil pour procéder à leur enregistrement, qu’il s’agisse d’une simple consultation ou d’une hospitalisation.

Après avoir effectué ces formalités administratives nécessaires à la prise en charge des frais d’hospitalisation, une infirmière évalue l’état de santé du patient et le degré d’urgence. L’attente aux urgences est donc déterminée en fonction de l’état du patient et non en fonction de l’ordre d’arrivée.

Dans un cas considéré comme « urgent », le praticien a l’obligation d’analyser les signes de gravité potentiels et de trouver une réponse appropriée. En cas de litige, il est exposé au délit de non-assistance à personne en danger. Toutefois, si une telle situation se présente, les magistrats auront à déterminer si le médecin a agi de façon intentionnelle ou si, au contraire, il a fait le maximum, au regard de la situation dans laquelle il se trouvait.

Les procédures obligatoires n’empêchent toutefois pas les manquements. Les services d’urgences dans les hôpitaux français font régulièrement l’objet de polémiques. Le manque de personnel et l’afflux de personnes engendrent un retard dans la prise en charge, voire, dans certains cas des erreurs de diagnostics, voire une non-assistance à personne en danger (ce qui constitue alors un délit).

Ainsi, en mars 2016, une jeune femme racontait sur Facebook le calvaire de sa tante, atteinte d’un cancer, aux urgences du CHU de Brest. « Après une attente de deux heures sur un brancard dans le couloir, à vomir et à se plaindre de douleurs et malgré notre insistance auprès du personnel, rien n’a été proposé ». Cette patiente attendra dix longues heures avant d’être prise en charge. Sa nièce décrit dans une lettre le spectacle observé « des personnes âgées qui appellent à l’aide » et « d’autres qui vomissent du sang sans qu’on leur prête la moindre attention. »

Des négligences ou des erreurs de diagnostic ont également été la cause de drames ces dernières années en France. L’incompétence supposée du personnel de l’hôpital qui a refusé de prendre en charge Hanane Messani n’est pas non plus l’apanage des hôpitaux algériens.

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En septembre 2014, un accident d’anesthésie avait été fatal à une parturiente à la petite maternité d’Orthez, dans le sud-ouest de la France. L’accouchement, qui nécessitait une césarienne, avait viré au drame. Quelques jours plus tard, l’anesthésiste en charge de la patiente reconnaîtra avoir consommé de l’alcool. Cette maternité sera définitivement fermée quelques semaines plus tard.

Bien que ce type de négligence soit extrêmement rare, il a relancé le débat sur la pertinence de maintenir des services de maternité qui pratiquent peu d’accouchements. Certes, les partisans de leur maintien mettent en avant l’argument de la proximité, mais d’autres s’inquiètent de la sécurité des accouchements dans ces établissements de petite taille. Un rapport de la Cour des comptes publié en janvier 2015 appelait à une « recomposition » du réseau des maternités en France, et tirait la sonnette d’alarme sur ces petites maternités qui « fonctionnent dans des conditions de sécurité souvent insuffisamment vérifiées ». 

Enfin, dans le drame survenu le 10 août dans un hôpital d’Alger, si la responsabilité directe du personnel a été établie, il faut également rappeler que la cause du décès retenue -une embolie amniotique- est une pathologie rare et imprévisible. En France, le décès d’une femme enceinte de 35 ans à la maternité de Decazeville en octobre 2016 avait suscité une vive émotion et abouti à l’ouverture d’une enquête judiciaire. Les conclusions des experts rendues en juin ont indiqué que la patiente était décédée d’une embolie amniotique et qu’aucun manquement à la sécurité n’avait pu être constaté. Difficile à déceler, cette pathologie représente la deuxième cause de mort maternelle en France.

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