Le Washington Post a commenté ce dimanche les manifestations qui se déroulent en Algérie ainsi que dans plusieurs autres pays de la région à l’image du Soudan ou de la Jordanie, estimant que « ce n’est pas un deuxième Printemps arabe, mais les étincelles commencent à jaillir ».
« Les images de manifestations de masse dans les capitales arabes, où les manifestants exigent que les dirigeants corrompus et vieillissants démissionnent, peuvent paraître anachroniques. Le printemps arabe n’a-t-il pas eu il y a quelques années ? Et cela n’a-t-il pas pris fin avec des coups d’État et des guerres civiles qui ont restauré l’ancien statu quo autocratique ? », s’interroge le journal américain, répondant « oui et non ».
« Certes, Abdelfattah al-Sissi est en train de s’installer comme dictateur à vie en Égypte, Bachar al-Assad règne sur les ruines de la Syrie, et les monarchies du Golfe persique, menées par l’Arabie saoudite sont plus répressives que jamais », rappelle le journal.
« Mais en Algérie, les manifestations populaires ont forcé le président Bouteflika à retirer sa candidature pour un autre mandat. Au Soudan, les manifestations quotidiennes persistes malgré les concessions et la répression violente d’Omar al-Bachir », écrit le Post.
« En Jordanie, les gens ont manifesté autour du pays le mois dernier pour protester contre la corruption. Au Maroc, un grand rassemblement pour les enseignants il y a quelques semaines s’est terminé avec des chants pour ‘’mettre fin à la dictature’’ », indique le journal. « Les troubles s’étendent même aux pays avec des systèmes politiques plus libéraux. La Tunisie, seul pays à émerger du Printemps arabe en tant que démocratie, est minée par les grèves et les manifestations », ajoute le quotidien américain.
« Ce n’est pas, pour l’instant du moins, un second Printemps arabe. Aucun régime n’est tombé. En Algérie, la clique de généraux, de bureaucrates et de chefs d’entreprises qui ont élevé Bouteflika garde toujours le contrôle », estime le Washington Post. « Néanmoins, la nouvelle vague de troubles suggère quelques conclusions qui vont à l’encontre des idées reçues à Washington, en particulier au sein de l’administration Trump », affirme le journal américain.
« L’administration Trump a basé sa stratégie au Moyen-Orient sur les autocraties. Elle a parié que l’Égypte de Sissi et l’Arabie saoudite de Mohamed ben Salmane seraient les piliers de la stratégie régionale visant à contrer l’Iran. L’hypothèse est que ces régimes offrent la stabilité », écrit le Post. « Pour cette raison, l’administration n’a pas tenté de limiter leur répression. S’il y a un nouveau Printemps arabe, le président Trump sera l’un des perdants », conclut le Washington Post.