Un haut responsable du Pentagone a prévenu mercredi qu’il n’y avait aucune garantie que l’Inde échappe à des sanctions américaines si New Delhi achetait de nouveaux armements russes.

Washington s’inquiète des discussions en cours entre l’Inde et la Russie pour l’achat de systèmes de défense antiaérienne S-400.

Le Congrès américain a adopté en 2017 une loi, soutenue par les républicains et les démocrates, afin de punir la Russie pour son attitude en Ukraine et pour son ingérence dans l’élection présidentielle américaine.

Cette loi, baptisée Caatsa (Countering America’s Adversaries Through Sanctions Act), impose des sanctions économiques contre toute entité ou pays qui conclut des contrats d’armement avec des entreprises russes.

A la demande du Pentagone, la loi autorise des exceptions aux sanctions afin de ne pas jeter certains pays définitivement dans les bras de la Russie. Le ministre de la Défense Jim Mattis veut notamment pouvoir commencer à vendre de l’armement à l’Inde, plus gros importateur mondial en matière de défense, et contrepoids potentiel à l’influence croissante de la Chine en Asie.

Le fait d’avoir prévu des exceptions a donné l’impression que Washington allait protéger le gouvernement indien « de toutes répercutions (…) quoi qu’il fasse », a déclaré Randall Schriver, secrétaire à la Défense adjoint, chargé de l’Asie et du Pacifique. « Je dirais que c’est une impression erronée ».

« Nous serions quand même très inquiets si l’Inde cherchait à obtenir de nouveaux systèmes d’armement majeurs » de la Russie, a ajouté M. Schriver lors d’un colloque au centre de réflexion Carnegie Endowment For International Peace à Washington. « Je ne peux pas affirmer aujourd’hui qu’elle (l’Inde) serait épargnée, que nous utiliserions cette dérogation ».

M. Shriver s’exprimait à quelques jours d’une réunion historique prévue la semaine prochaine à New Delhi: pour la première fois, M. Mattis et le chef de la diplomatie américaine rencontreront leurs homologues au cours d’un sommet à « 2+2 ».

Il a qualifié de « troublante » la possibilité que l’Inde achète des S-400 russes. « Nous préférerions nettement (…) que l’Inde cherche des alternatives et qu’elle voie si nous ne pourrions pas devenir un partenaire pour répondre à ce genre de besoins », a-t-il noté.