Des dizaines de Yéménites qui participaient à une cérémonie de mariage ont été tués ou blessés dans des frappes aériennes présentées par les rebelles Houthis comme une nouvelle bavure de la coalition sous commandement saoudien.
Des bilans variant de 23 à 33 morts, et de 40 à 55 blessés, ont été fournis par différentes sources médicales et de l’administration locale, alors que les circonstances exactes de ces raids survenus dimanche soir dans la province de Hajja, au nord-ouest de la capitale Sanaa, n’ont pas été établies.
L’organisation Médecins sans frontières (MSF) a indiqué sur Twitter que l’hôpital qu’elle soutenait à Hajja avait admis 45 blessés, dont 13 enfants.
D’après des secouristes et les médias des Houthis, les raids se sont produits de nuit dans une zone sous contrôle rebelle. Deux tentes ont été touchées et une trentaine d’enfants figurent parmi les blessés, dont trois ont été amputés, ont affirmé les mêmes sources.
Sollicité par l’AFP, le porte-parole de la coalition, le colonel saoudien Turki al-Maliki, n’a pas immédiatement commenté ces informations.
Accusé d’aider militairement les Houthis, l’Iran, le grand rival chiite de l’Arabie saoudite sunnite, a rapidement condamné les frappes.
“Les attaques contre les quartiers résidentiels et les objectifs civils, en plus de l’interdiction de l’accès du peuple yéménite aux agences et institutions d’aide, sont des violations des principes humanitaires”, a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Qassemi.
Les raids ont touché la localité de Bani Qais, proche de la ligne de front, d’après un responsable local.
L’agence Saba, contrôlée par les Houthis, les a qualifiés de “nouveau crime génocidaire des Saoudiens”.
Ce n’est pas la première fois que des fêtes de mariage au Yémen sont touchées par des bombardements imputés à la coalition: 131 personnes avaient été tuées dans la région de Mokha (sud-ouest) en septembre 2015 et 28 dans la province de Dhamar (centre) le mois suivant.
En octobre 2016, un raid aérien avait fait 140 morts lors d’une cérémonie funéraire dans la capitale Sanaa.
– Mauvaises informations? –
La fréquence des attaques contre ce genre de cérémonie soulève des questions. Dans certains cas, les mariages donnent lieu à des rassemblements d’hommes en armes qui les célèbrent en tirant en l’air. Dans d’autres, les mariés reçoivent la visite de rebelles venant les féliciter dans des cortèges de véhicules militaires.
Quoi qu’il en soit, les bavures sont souvent le résultat de mauvaises informations, soulignent des experts.
Par le passé, la coalition a reconnu, après enquête, certaines “erreurs” et promis d’affiner ses règles d’engagement militaires.
Le Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique, est entré dans la quatrième année d’une guerre meurtrière entre rebelles Houthis et forces progouvernementales, soutenues par la coalition menée par Ryad.
Le conflit a fait près de 10.000 morts, plus de 54.000 blessés et provoqué “la pire crise humanitaire du monde”, selon l’ONU, qui peine à relancer un processus de paix.
Lundi, des affrontements sanglants ont eu lieu dans une autre région du Yémen, à Taëz (sud-ouest), où cinq soldats progouvernementaux ont été tués et 19 blessés lors d’une opération antijihadistes.
Cette opération a été lancée après l’assassinat d’un employé de nationalité libanaise du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), selon une source médicale. Le bilan des pertes éventuelles dans les rangs jihadistes n’est pas connu.
Les violents combats ont eu lieu lundi matin dans le quartier de Jahmaliah, un secteur de Taëz contrôlé par des soldats progouvernementaux où la présence de jihadistes était tolérée jusqu’ici, a indiqué à l’AFP un officier de police.
Selon cet officier, le gouverneur de Taëz, Amin Mahmoud, fidèle au gouvernement yéménite, a formé dimanche une force spéciale -composée d’unités de la police et de l’armée- qu’il a chargée de lancer l’opération antijihadistes.
Une bonne partie de Taëz, troisième ville du Yémen, est entre les mains des soldats progouvernementaux mais les entrées de la cité sont contrôlées par des rebelles Houthis.
Des jihadistes sunnites appartenant à divers groupes radicaux ont profité du chaos pour s’implanter ou renforcer leurs présence dans certains secteurs du pays, notamment dans le sud.