L’Arabie saoudite menace de représailles économiques les pays qui soutiendraient le projet d’enquête internationale sur le conflit au Yémen présenté devant la Commission des droits de l’Homme de l’ONU, dans une lettre dont l’AFP a pris connaissance mardi.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, le Jordanien Zeid Ra’ad Al Hussein, a appelé à plusieurs reprises à la création d’une commission d’enquête internationale sur les violations des droits de l’Homme au Yémen, où l’Arabie saoudite intervient militairement contre les rebelles houthis avec ses alliés du Golfe depuis le printemps 2015.
Un projet de résolution néerlando-canadien, présenté lors de la session de la Commission qui s’achève vendredi, prévoit la création d’une enquête sous l’égide de l’ONU.
« L’adoption du projet de résolution présenté par les Pays-Bas et le Canada devant la Commission des droits de l’Homme pourrait affecter de façon négative les relations bilatérales économiques avec l’Arabie saoudite », prévient le royaume saoudien dans cette lettre.
Ryad, qui « n’acceptera pas » une telle résolution, appelle de son côté à soutenir l’enquête menée par son allié yéménite, qui selon les Nations unies manque de crédibilité.
Pour John Fisher, directeur à Genève de l’ONG Human Rights Watch, la menace saoudienne est « honteuse ».
« Il est scandaleux que l’Arabie saoudite cherche à utiliser les menaces de sanctions économiques et politiques pour intimider les pays et les inciter à ne pas soutenir une enquête internationale qui pourrait mettre un terme aux violations » des droits de l’Homme, a-t-il déclaré à l’AFP.
« Les forces de la coalition (emmenée par Ryad) ont bombardé des hôpitaux, des marchés, des maisons, des cérémonies funéraires. Il est temps que la communauté internationale dise +ça suffit+ », a-t-il ajouté.
Sollicitée par l’AFP, la mission saoudienne à l’ONU à Genève n’était pas disponible dans l’immédiat.
La guerre au Yémen oppose des forces pro-gouvernementales, soutenues par l’Arabie saoudite et ses alliés arabes et regroupées dans le Sud, à l’alliance entre Houthis et l’ancien président Ali Abdallah Saleh, qui contrôlent la capitale et le nord du Yémen depuis septembre 2014.
Plus de 8 500 personnes ont été tuées et près de 49 000 autres blessées depuis le début du conflit, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Plus de 17 millions de Yéménites sont confrontés à des pénuries alimentaires et une épidémie de choléra a fait plus de 2 100 morts depuis avril.