Jusqu’où ira-t-il ? Devenu samedi le premier entraîneur de l’histoire à remporter la Ligue des champions trois fois consécutivement, Zinédine Zidane semble, à 45 ans, au tout début d’une seconde carrière aussi pavée de succès que sa première vie de joueur.
Et tout ça après moins de trois ans d’exercice seulement dans son nouveau métier…
Cent pour cent, la statistique est vertigineuse. Depuis l’arrivée de Zizou sur son banc en cours d’année 2016, le Real Madrid a remporté toutes les finales qu’il a disputées: Ligue des champions 2014 (en tant qu’entraîneur-adjoint), Ligue des champions 2016, Supercoupe d’Europe 2016, Mondial des clubs 2017, Ligue des champions 2017, Supercoupe d’Espagne 2017, Supercoupe d’Europe 2017, Mondial des clubs 2018, et Ligue des champions 2018.
Considéré comme l’un des plus grands talents de l’histoire du foot en tant que meneur, le Ballon d’Or 1998 a surtout démontré, depuis sa reconversion réussie, qu’il est tout simplement un surdoué.
S’il est désormais acquis que le « Real de Zidane » aura une place de choix dans les livres d’histoire du sport-roi, aux côtés de l’AC Milan d’Arrigo Sacchi, vainqueur en 1989 et 1990, ou encore du FC Barcelone de Pep Guardiola (2009, 2011), que retiendra-t-on de son ère alors qu’il ne cesse de marteler qu' »il n’y a pas de secret » pour expliquer sa réussite ?
– « Management extraordinaire » –
Loin d’une volonté d’imposer des principes de jeu révolutionnaires, comme a pu l’incarner Johan Cruyff avec son football total, ZZ a surtout impressionné les observateurs sur deux plans: sa finesse psychologique pour diriger un vestiaire pleins d’egos, à l’image de sa gestion réussie de la superstar Cristiano Ronaldo, et sa science du coaching gagnant, encore démontrée par l’entrée en jeu décisive et spectaculaire de Gareth Bale contre Liverpool (3-1), trois minutes avant son premier but.
David Bettoni, son confident et meilleur ami depuis le centre de formation de l’AS Cannes à la fin des années 1980 avant de devenir quelques décennies plus tard son bras droit à la tête de la Castilla (réserve du Real en 3e division espagnole), puis de l’équipe A du Real depuis 2016, est l’un des mieux placés pour décrypter les prouesses de la méthode ZZ.
« Il a un calme, une manière de parler aux joueurs extraordinaire. C’est vraiment dans son management qu’il est vraiment, pour moi, extraordinaire. Ce qui fait sa force, c’est aussi sa connaissance du football de haut-niveau. Dans sa causerie d’avant-match (de la finale de C1 remportée samedi), il leur a dit de prendre du plaisir », a-t-il confié à deux médias, dont l’AFP, après le triomphe à Kiev.
De là à en faire le meilleur entraîneur de l’histoire ? Il est sans doute trop tôt pour le dire tant le quadragénaire a encore plein d’années d’exercice devant lui…
– Sélectionneur des Bleus ? –
« Maintenant, après le Real, quel club peut-il faire ? C’est un peu compliqué, c’est surement l’un des plus grands clubs au monde, et il a déjà tout gagné, tous les titres quasiment ! Il ne lui manque que la Coupe d’Espagne, ma foi », estime auprès de l’AFP Guy Lacombe, l’homme qui l’a fait éclore à Cannes avant de devenir son formateur au métier de coach près de 30 ans plus tard.
« Je pense qu’un jour il aimerait prendre l’équipe de France. C’est évident, il ne s’en est jamais caché. Il faut que ça se fasse dans de bonnes conditions, au bon moment, et ça, puisqu’il est patient, il n’y aura aucun problème. On verra dans le temps mais il a un destin international », ajoute Lacombe.
Si le contrat de sélectionneur de son ancien coéquipier Didier Deschamps a été prolongé jusqu’en 2020, l’idée de voir un jour Zizou prendre les commandes de l’équipe de France ne déplait pas au président de la Fédération française (FFF) Noël Le Graët. Cela tombe bien, l’ancien N.10 est lié avec le club merengue jusqu’en… 2020 également !
« C’est une suite logique, c’est probable qu’un jour il l’ambitionne », avait déclaré Le Graët en juin 2017. « Pour le moment, je pense qu’il a encore beaucoup à apporter au Real et la vie du club lui convient parfaitement ».
Après le départ de Laurent Blanc en juillet 2012, Zidane avait déjà manifesté au patron de la FFF son désir d’entraîner les Bleus. « Mais je lui avais dit que c’était trop tôt pour lui, qu’il fallait d’abord qu’il prenne un club », avait expliqué à l’AFP M. Le Graët en 2014. Zidane a largement respecté sa part du contrat… De quoi se donner rendez-vous pour après l’Euro-2020 ?