Ce soir, mardi 3 avril, alors que la Juventus accueille le Real Madrid en quart de finale aller de la Ligue des Champions, Zinédine Zidane fera forcément l’objet d’une attention particulière. Parce que les Italiens risquent d’être des adversaires rudement plus corsés que les Parisiens, qu’il a éliminés d’un coup de maître lors du tour précédent. Parce que son histoire, en tant qu’homme et joueur, s’est forgée en partie à Turin, où il y a passé cinq années de sa vie (de 1996 à 2001). Aussi, parce que cette affiche est un remake de la dernière finale de la Ligue des Champions, remportée par les Madrilènes (4-1).
À l’Allianz Stadium, pour tenter de faire basculer le destin à nouveau de son côté, ZZ pourra compter sur la qualité de son effectif, mais aussi sur ses qualités personnelles. Parmi lesquelles, figurent en bonne place, sa maîtrise tactique et sa science du discours.
Si par le passé, Zidane a souvent été gentiment moqué pour sa timidité médiatique, l’entraîneur madrilène a depuis pris de l’assurance face caméra. Mais l’homme n’est pas pour autant devenu grandiloquent, ni devant les journalistes, ni dans l’intimité de son vestiaire.
« Quand j’étais joueur, cela m’ennuyait quand le coach faisait de longs discours avec plein de théories et de concepts. Alors je ne vais pas infliger ça à mes gars », rappelle, ce mardi, le journal L’Équipe. « Je ne donne jamais plus de deux idées à un joueur et je termine toujours par un ‘’et maintenant fais-toi plaisir sur le terrain !’’ »
ZZ, qui fait l’unanimité auprès de ses hommes depuis qu’il a pris les rênes du club madrilène en janvier 2016, a fait de la simplicité et de la clarté ses maîtres-mots. Son principe est de faire comprendre ses idées sans jamais les imposer, détaille le quotidien sportif. « Je suis un compétiteur et je transmets aux joueurs ce que je suis. De la même manière, je suis là aussi pour leur transmettre la sérénité, la tranquillité, parce que je sais qu’un joueur a besoin de ça pour s’exprimer pleinement », déclarait-il vendredi dernier.
Une force tranquille
N’attendez pas à voir Zidane se tirer des cheveux qu’il n’a plu ou s’empourprer de rage sur son banc quand son équipe joue mal ou encaisse des revers, même s’il sait pousser une gueulante quand il le faut. Le technicien français n’est pas de cette école, lui qui a toujours une oreille attentive pour ses joueurs. Il sait surtout trouver les mots justes, ceux qui font mouche. Une posture qui lui a permis d’asseoir son autorité dans l’un des vestiaires les plus clinquants au monde. « Ce qui m’a étonné dès son arrivée en 2016 est que Zizou, de par sa manière d’être et de communiquer, montrait encore plus d’autorité que Mourinho. C’est tout dire », explique un proche du vestiaire.
Zidane a cette force de rendre facile les choses. Comme lorsqu’en août 2016, il explique à Cristiano Ronaldo, fraîchement vainqueur de l’Euro en France, l’avantage qu’il pourrait tirer à disputer moins de matchs. « Si tu m’écoutes, que tu acceptes de te reposer de temps en temps, de manquer certains matchs, si tu me fais confiance, tu vas prolonger ta carrière de plusieurs années », lui avait-il assuré. La saison passée, le Portugais avait très peu disputé la Coupe du Roi, de même que Zidane l’avait laissé au repos lors des rencontres précédant celles sur la scène européenne. Une gestion stratégique qui avait permis à CR7 de participer grandement au doublé championnat – Ligue des Champions, raflé par le Real.
La Juventus revancharde
Cette proximité avec ses troupes, ZZ l’a gardé du temps où il faisait ses premières armes en tant qu’entraîneur au sein de la Castilla, la réserve du Real Madrid. « Comme j’avais du mal à centrer du pied gauche, Zidane restait avec moi chaque jour après l’entraînement. Pendant une heure, il me faisait travailler », relate Burgui, un ancien joueur de la Castilla. Le technicien français n’a pas perdu cette habitude puisqu’il a consacré des séances spécifiques devant le but à Karim Benzema lors de la dernière trêve internationale.
Tous ces ingrédients qui ont fait le succès de Zidane à la tête des Merengue faisaient donc déjà partie de la recette, il y a maintenant presque un an, à Cardiff, lors du sacre européen face à la Juventus. Durant la mi-temps de la finale et alors que les deux formations étaient encore à égalité (1-1), les images tournées par la chaîne officielle du club dévoilaient un Zidane placide, trônant au centre du vestiaire, soufflant simplement quelques conseils tactiques.
Un calme qui tranchait avec la nervosité de l’adversaire, qui, dans le même temps, voyait le ton monter entre certains de ses joueurs (Bonucci, Dybala, Barzagli). « Quand nous avons le ballon, nous devons jouer plus rapidement et plus vers les ailes. Exactement comme on a travaillé cette semaine. Le but va venir en ouvrant le jeu et en centrant en retrait depuis l’extérieur », précisait, toujours avec calme et assurance, Zidane.
Le technicien français avait été visionnaire puisque, comme le rappelle L’Équipe, deux des trois buts inscrits par le Real après la pause se sont orchestrés de cette façon. Mais ce soir, alors que cette première manche entre la Juventus et le Real prend des allures de revanche pour les Italiens, les souvenirs, les victoires et les échecs ne compteront plus. Zidane n’en est d’ailleurs pas dupe : « Dix mois sont passés, et cela n’aura rien à voir avec cette finale », a-t-il déclaré, lundi, en conférence de presse.