Le principal parti d’opposition au Zimbabwe et la branche jeunesse du parti présidentiel ont tous deux exhorté au maintien du régime civil après que l’armée eut menacé lundi d’intervenir si le président Mugabe poursuivait la purge au sein de son parti.
Réagissant à cette menace, le principal parti d’opposition zimbabwéen, le Mouvement pour le changement démocratique (MDC), s’est clairement positionné contre une prise du pouvoir des militaires.
« Personne ne veut voir de coup d’Etat – et je ne dis pas qu’il va y en avoir un. Il n’est pas souhaitable que l’armée prenne le pouvoir. Cela donnera un coup d’arrêt à la démocratie, et ce n’est pas sain pour le pays », a déclaré à l’AFP un haut responsable du parti, Gift Chimanikire.
Dans une mise en garde sans précédent, le chef de l’armée, le général Constantino Chiwenga, a dénoncé lundi l’éviction la semaine dernière du vice-président du pays et prévenu que l’armée pourrait « intervenir » si cette « purge » ne cessait pas au sein du parti présidentiel, la Zanu-PF, au pouvoir depuis l’indépendance en 1980.
Le vice-président Emmerson Mnangagwa, 75 ans, longtemps pressenti comme dauphin du président Mugabe, a été démis de ses fonctions la semaine dernière et a fui le pays, après un bras de fer avec la première dame, Grace Mugabe.
« La purge actuelle qui vise clairement les membres du parti qui ont été engagés dans la guerre d’indépendance doit cesser (…) Nous devons rappeler à ceux qui sont derrière ces dangereuses manigances que lorsqu’il s’agit de protéger notre révolution, l’armée n’hésitera pas à intervenir », a martelé lundi le général Chiwenga.
Ses déclarations semblent viser les efforts de plus en plus offensifs de Grace Mugabe, 52 ans, pour se rapprocher du pouvoir et critiquer publiquement ses opposants, dont M. Mnangagwa. Avec l’éviction de ce dernier, elle se retrouve en position idéale pour succéder à son époux âgé de 93 ans.
Malgré son grand âge et sa santé fragile, Mugabe a été investi par la Zanu-PF pour la présidentielle de 2018.
La branche jeunesse de la Zanu-PF a fait savoir dans un communiqué qu’elle s’opposait à une prise de pouvoir de l’armée. « Nous protégerons notre révolution, comme la population en Turquie l’année dernière qui a empêché des forces de sécurité voyoues à interférer avec le gouvernement élu », poursuit le communiqué.